Le temps d’un diner, des couples d’amis décident de jouer à un « jeu » : chacun doit poser son téléphone portable au milieu de la table et chaque SMS, appel téléphonique, mail, message Facebook, etc. devra être partagé avec les autres. Il ne faudra pas attendre bien longtemps pour que ce « jeu » se transforme en cauchemar.
Bande Annonce : https://www.youtube.com/watch?v=isJuBceh9DI
Total eclipse of the heart
Une bande d’amis qui se retrouve autour d’un dîner dans un appartement cossu. Un événement qui vient chambouler le repas et crée des situations ubuesques, rocambolesques. Un pitch ultra commun dans le cinéma français : Le code a changé, Le Prénom, Amoureux de ma femme, Baby Phone, etc. Même si, pour être tout à fait honnête, il s’agit là du remake d’un film italien. Mais, force est de constater que ce genre de situation semble séduire nos réalisateurs hexagonaux. Il faut dire que le postulat de départ de ce nouveau long métrage signé Fred Cavayé (Pour elle, A bout portant, Les Infidèles, Mea Culpa, Radin !) a quelque chose d’intéressant et d’intriguant : que se passerait t-il si, lors d’une réunion entre amis, chacun posait son smartphone sur la table et faisait profiter à tous les autres convives des appels et messages reçus pendant ce temps ? Un pitch qui a le mérite d’interpeler tant chacun peut aisément imaginer les conséquences risquées d’un tel jeu… Après des débuts franchement poussifs qui nous ont laissé augurer du pire - c’est presque un euphémisme que de dire que nous avons eu du mal à rentrer dans ce film -, nous nous sommes peu à peu pris au jeu, à mesure que l’intrigue s’est mise en place. Car, une fois la boîte de Pandore ouverte, que les maux se mettent à s’abattre sur la salle à manger, cette comédie tout public monte crescendo en tension, sans se départir pour autant d’une certaine légèreté. Au milieu de la zizanie provoquée, Le Jeu aborde des sujets de fonds tels que l’homosexualité, la parentalité, l’amour, l’amitié, la jalousie, la confiance. Et incite ainsi à se poser des questions, à s’interroger soi-même, face aux réactions des différents protagonistes, auxquels chacun peut s’identifier aisément. Est-on prêt à se dévoiler complètement, à déballer son jardin secret, même auprès des gens que l’on aime le plus ? Toute vérité est-elle bonne à dire ? Sait-on encore vraiment communiquer entre nous ? Sous des airs anodins, ce film permet de sonder sa conscience, dévoilant presque une dimension philosophique. Côté distribution, Bérénice Béjo, Doria Tillier, Stéphane de Groodt, Grégory Gadebois, Roschdy Zem, Vincent Elbaz et Suzanne Clément assurent le job de façon un peu inégale. Ainsi, notre mention spéciale ira à cette dernière, à la fois touchante et à mourir de rire dans un rôle assez hystérique, à fleur de peau. Si tout ne se vaut pas dans ce long métrage qui balance entre le moyen et le bon, celui-ci va en s’améliorant. Nettement sur notre réserve lors des premières minutes, c’est donc agréablement surpris que nous sommes ressortis de la salle. A vous de jouer à présent !
Mathieu Perrichet