Les beaux jours d'Aranjuez

Genre : Drame
Sortie le : 09/11/2016 (01H37)
Réalisateur : Wim Wenders
Acteurs : Reda Kateb, Sophie Semin, Jens Harzer…

Un beau jour d’été. Un jardin. Une terrasse. Une femme et un homme sous les arbres, avec un vent d’été doux. Au loin, dans la vaste plaine, la silhouette de Paris. Un dialogue commence, des questions et des réponses entre la femme et l’homme. Il s’agit d’expériences sexuelles, d’enfance, de souvenirs, de l’essence de l’été et de ce qui différencie les hommes et les femmes, la perspective féminine et la perception masculine. Derrière, dans la maison qui donne sur la terrasse, sur la femme et l’homme: l’écrivain, en train d’imaginer ce dialogue et de le taper à la machine. Ou est-ce l’inverse? Seraient-ce les deux personnages, là dehors, qui lui racontent ce qu’il couche sur le papier: un ultime et long dialogue entre un homme et une femme ?
Bande annoncehttp://www.lesbeauxjoursdaranjuez-lefilm.com/en/videos



Critique

Par Mathieu Perrichet - posté le 01/11/2016

Au théâtre ce soir

Qu’on se le dise sans détour, adapté de la pièce de théâtre Les beaux jours d’Aranjuez : un dialogue d’été du dramaturge autrichien Peter Handke, ce nouveau long métrage de Wim Wenders a quelque chose qui ne prend pas. Comme quelque chose… d’inadapté. Sans doute cette histoire aurait-elle du rester sur les planches d’un théâtre plutôt que de se voir transposer sur grand écran. En effet, pour - presque - toute péripétie, celle-ci est essentiellement constituée d’un dialogue dense entre un homme et une femme sur l’amour, le désir, le sexe, les relations homme/femme… Le tout agrémenté de métaphores, d’envolées, de digressions, d’hésitations qui s’enchaînent et s’enchevêtrent à n’en plus finir. Tant et si bien que le danger est grand de perdre le fil et de se sentir lâcher au bout de quelques minutes seulement. Ceux qui parviennent à s’accrocher à cette conversation mystico-poético-philosophico-existentielle quelque peu décousue – parler de masturbation intellectuelle n’est dans le cas présent pas usurpé - sortiront de la salle avec les honneurs tant l’ensemble est difficile à comprendre, à captiver et à digérer. Même la 3D, censée venir mettre en perspective le côté théâtral du récit ne convainc pas plus que cela et paraît ne pas servir l’une des intrigues intéressantes de l’histoire : les deux principaux protagonistes, dont on ne sait pas grand chose, sont-ils de chair et d’os ou de papier et d’encre ? Car ce film troublant, voire dérangeant, joue à brouiller les pistes entre fiction et réalité quitte à embrouiller encore un peu plus le spectateur. Si le jeu des comédiens (Reda Kateb, Sophie Semin, Jens Harzer) n’est pas en cause, il est difficile de saisir la supposée profondeur de cet échange dont on ne capte au vol que quelques mots ou bribes entre deux assoupissements. Pour la faire courte, ce cinéma ne semble pouvoir être réservé qu’à une poignée d’initiés et/ou inconditionnels de Wim Wenders qui verront peut être dans ce film un acte créatif passionnant. Pour les autres, évitez-vous un moment pénible et allez plutôt voir une pièce dans un véritable théâtre.    

Mathieu Perrichet


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