Un jour ça ira

Genre : Documentaire
Sortie le : 14/02/2018 (01H30)
Réalisateur : Stan et Edouard Zambeaux
Acteurs :

Djibi et Ange, deux adolescents à la rue, arrivent à l’Archipel, un centre d'hébergement d'urgence au cœur de Paris. Ils y affrontent des vents mauvais, des vents contraires, mais ils cherchent sans relâche le souffle d'air qui les emmènera ailleurs. Et c'est avec l'écriture et le chant qu’ils s’envolent… et nous emportent. Une plongée au coeur de l’Archipel, un centre qui propose une façon innovante d’accueillir les familles à la rue.

Bande Annoncehttps://www.youtube.com/watch?v=PMDqNsPAXMA



Critique

Par Mathieu Perrichet - posté le 19/02/2018

Human After All

Un documentaire d’utilité publique, voilà comment nous pourrions nous contenter de qualifier très simplement Un jour ça ira. Ce film réalisé par deux frères, Stan et Edouard Zambeaux, l’un documentariste et l’autre journaliste, est une immersion dans un centre d’hébergement d’urgence en plein cœur du très chic 8e arrondissement parisien. Au sein de ce lieu qui accueille des familles à la rue, venant de tous horizons, le récit s’attarde en particulier sur deux jeunes adolescents de 13 ans, Djibi - époustouflant de charisme - et Ange - forcément attendrissante. C’est à travers leurs parcours, leurs regards et les ateliers d’écriture et de chant auxquels ils participent que les cinéastes livrent un témoignage poignant. Accompagnés par un journaliste et une musicienne, les enfants se livrent peu à peu, parvenant à mettre des mots sur leur jeune existence chaotique. Brinquebalée de part et d'autre. Une libération de la parole touchante et émouvante. D'autant que dans la bouche et les yeux d'un gamin, la sincérité et la sensibilité ne sont que rarement galvaudées. En donnant la parole à ceux qui ne l’ont jamais ou presque, ce film réintroduit un brin d’humanité dans un contexte complexe où celle-ci peine à exister. Il participe à changer le regard sur des hommes, des femmes, des enfants qui n'aspirent qu'à vivre comme tout le monde, avec un toit au-dessus de leurs têtes. Des déracinés, arrivés ici par la force des choses, bien souvent échoués sur le rocher de l’espoir que représente notre pays pour nombre d'entre eux. Ce qui marque dans ce documentaire, qui dévoile également le formidable boulot mené par l'association Aurore et les travailleurs sociaux, c’est la vitalité et la tolérance dont font preuve les enfants. L’âge, le sexe, la couleur de peau, la religion ne semblent pas avoir de prise sur leurs affinités dans ce centre filmé en huis clos. Et si derrière les rires et sourires de façade – des jeunes comme des adultes, on distingue de la détresse, de la tristesse, de la souffrance, de la fatigue, de l’inquiétude, on décèle aussi de la fierté, de l’orgueil, de la dignité, de l’espoir, de l’envie, de la force, de l’abnégation. En cela, c’est une belle leçon de vie qu’offre Un jour ça ira. Incitant à se poser quelques questions, à relativiser, tout en inspirant le respect et l’humilité. De cette plongée dans une communauté de destins tragiques, triste et belle à la fois, ressort un film optimiste, malgré la misère dont il se fait l’écho. Aussi, il ne semble pas raisonnable de ne pas être réceptif à l’intérêt d’une telle oeuvre cinématographique. Un jour ça ira, c’est tout ce que l’on peut souhaiter à ces gens-là. En attendant, ce film permettra peut être de faire évoluer certaines mentalités et ainsi apporter un peu plus de considération à ces mal logés. Si la situation fait froid dans le dos, ce film fait chaud au cœur.                  

Mathieu Perrichet


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