Viking

Genre : Drame - Action - Biopic
Sortie le : 10/10/2017 (02H13)
Réalisateur : Andreï Kravtchouk
Acteurs : Danila Kozlovsky, Svetlana Khodchenkova, Maksim Sukhanov...

Vladimir le Grand est devenu prince de Novgorod à la mort de son père en 972. Il fut forcé de s'enfuir pour la Scandinavie en 976, après l'assassinat de son frère Oleg par son autre frère Iaropolk 1er pour la conquête du Rus' de Kiev. En Suède, avec l'aide du jarl de Norvège Håkon Sigurdsson, Vladimir rassemble une armée de Varègues avec laquelle il entreprend de venger la mort de son premier frère...

Bande Annonce : https://www.youtube.com/watch?v=d0h5hJ0fDNI



Critique

Par Jean-Marc Vigouroux - posté le 14/10/2017

Tombés des nues

S’il fut présenté aux spectateurs de l’ASNIFF, ainsi qu’aux milliers de Russes qui ont vu le film depuis sa sortie en salles le 29 décembre 2016 (1,2 milliards de roubles en dix jours), comme une version « adulte » de Game of Thrones, le nouveau film d'Andreï Kravtchouk, Viking, a le mérite – rare – de s’être mis à dos à peu près tout le monde, ou presque. Biopic fantasmé de l’un des fondateurs de la nation au dixième siècle, Vladimir le Grand, dit Vladimir « le Soleil Rouge » dans les chants épiques qui le louent, ou tout simplement Saint Vladimir pour l'Eglise orthodoxe, le film est avant tout une méga production financée dans le giron de la chaîne de télé d'état Kanal 1, servie sans complexe par le marketing d’un événement d’envergure planétaire. Mais sur pièce, au fil des séquences de viol, d'orgies, de sacrifices humains et de massacres sans fin, jusqu'à l’illumination d’un Vladimir pataud, influençable et franchement indécis (pour ne pas dire couard), voilà le mythe national qui vacille sur son socle d’argile : d’un côté, le film est adoubé par un autre Vladimir, Poutine, qui a fait dresser une statue gigantesque du Saint pile en face du Kremlin et qui parle d’« une œuvre d'art qu'il voudrait absolument revoir » ; de l’autre, la foultitude des outragés, de bords variables, des anti-poutine aux représentants de l’Eglise, en passant par les historiens, les critiques, les psychologues et même les nationalistes, dont les yeux piquent fort au sujet des origines vikings. Et le spectateur français dans tout ça ? Force est de constater qu’il est bien en peine de comprendre le moindre des enjeux dramatiques de cette (trop longue) fresque propagandaire, qu'il s’échinera à ranger du côté de récit fantastique (sur la même étagère que Le 13ème guerrier) plutôt que de la vérité ou du bon goût (le film a été tourné en Crimée, annexée par la Russie en 2014). Restent en tête plusieurs morceaux de bravoure toutefois (la dérive sectaire par exemple), un souci du détail assez louable (costumes, bijoux, langues), tout comme un usage modéré des SFX, privilégiant le rapport physique frontal. On en sort donc... K-O.

Jean-Marc Vigouroux

Séance unique : Mardi 10 octobre à 20h30