People/Cinema - Par Mathieu Perrichet - posté le 18/03/2019

Rencontre avec François Civil, Joséphine Japy et Hugo Gélin

C’est par une belle fin d’après midi de printemps que le réalisateur Hugo Gélin et ses comédiens principaux, Joséphine Japy - tombée en adoration devant le curé nantais - et François Civil - prix d’interprétation masculine au festival de l’Alpes d’Huez pour ce film -, se sont pliés en toute décontraction au jeu des questions/réponses sur leur comédie romantique Mon inconnue.

Comment vous est venue cette envie de réaliser une comédie romantique à tendance fantastique ?
Hugo Gélin : J’avais envie de parler d’amour. Et pour moi, il n’est pas possible de faire un film sans humour - même lorsque je parle de maladie ou de deuil, comme dans mes précédents longs métrages, du coup je me suis lancé dans la réalisation d’une comédie romantique. Un genre que j’affectionne particulièrement, car il fait la part belle à l’émerveillement et est prétexte à parler de choses universelles. Ce qui est amusant c’est que la comédie romantique est plutôt anglo-saxonne, tandis que le drame amoureux est plus français. Pour être honnête, mes influences sont plus anglo-saxonnes et il s’avère que le fantastique dans la comédie romantique est presque devenu un genre en lui-même. Par ailleurs, j’aime aller au cinéma pour voir des histoires que je ne vois pas dans la vraie vie. Selon moi, lorsque l’on fait un film, il s’agit de donner au spectateur ce qu’il veut, tout en le surprenant. J’aime jouer avec lui. C’est une sorte d’exercice d’équilibriste, de funambule. Du coup, cela me plaisait d’intégrer une part de fantastique à mon histoire. Mais celle-ci n’est pas gratuite, elle a du sens et sert le propos du film. Car au final, il était très important, malgré tout, de garder les pieds sur terre, de demeurer réaliste. Il fallait avoir un vrai regard sur les gens.
François Civil : Ce qui est drôle c’est que le côté fantastique de Mon inconnue repose sur le principe de l’uchronie, comme dans Les Visiteurs. Du coup, lors d’une scène, mon meilleur pote se met à me raconter le film pour m’expliquer le délire. Et, fun fact : le hasard a fait que la perruque que je porte quand j’incarne Raphaël lycéen est la même que Christian Clavier a utilisée pour jouer Jacquouille. Sauf que je la porte dans l’autre sens. A l’envers.

Vous parlez de « propos », quel est le message de votre film ?
Hugo Gélin : J’avais envie de dire qu’en amour comme en amitié, on peut facilement arrêter de regarder, d’écouter, les gens qui nous entourent. On peut facilement négliger les choses. Je voulais aussi montrer qu’il n’y a pas d’âge pour grandir. Et que c’est avec les gens qui nous entourent, des gens bienveillants, que nous le faisons justement. Dans le film, la vie offre à Raphaël une seconde chance et c’est ce dont il finit par prendre conscience. 

Comment avez-vous composé votre casting ?
Hugo Gélin : J’ai d’abord proposé le film à François Civil puisque son personnage est le pivot du film. Il porte l’histoire et fait le lien entre la bromance et la romance. J’ai tout de suite pensé à lui car nous nous connaissions déjà un peu. Nous avions notamment travaillé ensemble sur la série Casting(s), réalisée par Pierre Niney. Cela m’avait permis de voir à quel point il se frottait à la comédie avec talent. Ensuite, il a fallu trouver la comédienne pour interpréter Olivia, la femme de Raphaël. Ce qui était essentiel, c’était que le couple fonctionne, que l’alchimie - qui est quelque chose d’assez inexplicable - se passe entre François et l’actrice qui serait à ses côtés. Dès que Joséphine Japy s’est présentée à nous, j’ai eu un vrai coup de coeur. Très vite, j’ai donc voulu qu’elle fasse des essais avec François pour vérifier si ça matchait et ça a matché. Par ailleurs, à l’occasion de ce film, j’avais envie d’accompagner la jeune génération d’acteurs. Avec François Civil et Joséphine Japy, j’avais la chance de partir avec deux représentants déments.

Comment construit-on un couple de cinéma ?
François Civil : Comme Hugo vient de l’indiquer, il a eu besoin que je sois présent aux essais pour voir le plus rapidement possible si une complicité naturelle se nouait avec Joséphine. Une fois que l’on a vu que ça fonctionnait, il a fallu approfondir bien sûr. D’autant que tous trois avions la même exigence de faire en sorte que cela marche, que tout soit crédible. Nous voulions être à la hauteur de couples mythiques comme dans Coup de foudre à Notting Hill ou Blue Valentine. Il était donc important que nous passions du temps ensemble. A cet égard, nous sommes partis un week-end à Prague tous les trois, nous sommes aussi allés chez la grand-mère de Joséphine, et fait pas mal d’activités ensemble. Nous avons beaucoup discuté, échangé.
Joséphine Japy : Dans la création d’un couple, la notion de souvenir est importante. Aussi, je pense que tous ces moments que l’on s’est offerts ensemble avant le tournage, sans rapport avec le film, a permis que l’on se forge nous mêmes des souvenirs, en plus de mieux se connaître. De quoi construire réellement notre couple.

Qu’est-ce qui vous a chacun donné envie de jouer dans ce film ?
François Civil : L’idée de travailler avec Hugo déjà, car son cinéma me parle. D’ailleurs, j’avais passé des essais pour son premier film, Comme des frères, mais finalement c’est Pierre Niney qui avait été pris. Concernant Mon inconnue, je trouvais le scénario original pour un film français. Et je reconnaissais bien la patte de Hugo, mais aussi de Igor Gotesman, avec qui j’avais bossé dans la série Casting(s)et le film Five, toujours avec Pierre Niney. Puis, je ne m’étais pas encore frotté au genre de la comédie romantique, donc cela m’intéressait. Sans compter que le personnage de Raphaël semblait top à incarner. Cerise sur le gâteau, mon pote est interprété par Benjamin Lavernhe qui, en plus d’être un excellent comédien, est un ami dans la vraie vie, donc la complicité, la connivence entre nous étaient naturelles. 
Joséphine Japy : Il y a toujours plein de raisons qui donnent envie de faire un film. Pour l’occasion, j’ai d’abord lu le scénario et j’ai été touchée par ce que Hugo raconte à travers l’histoire : qu’il faut regarder et écouter les gens qui nous entourent. Sans parler du fait que la comédie romantique est un genre, avec tout un un spectre d’émotions, qui me touche particulièrement en tant que spectatrice Puis, Olivia est franchement super à interpréter, car au final il s’agit de jouer deux personnages distincts qui connaissent chacun une évolution. Ensuite, cela a été une vraie belle rencontre artistique et professionnelle avec Hugo et François dont le travail respectif me plaisait. Toutes les planètes étaient donc alignées.

Y a t-il eu de la place laissée à l’impro ?
François Civil : La comédie, c’est tellement de rythme, une musique si particulière que ça doit être très écrit. Il y a eu peu d’impro donc.

Le ping pong d’un côté, le piano de l’autre, la préparation a t-elle été délicate pour vous deux ?
François Civil : Je suis une quiche au ping pong donc ça n’a pas été difficile pour moi.
Joséphine Japy : Apprendre un instrument a été une super opportunité mais aussi beaucoup de travail, notamment avec une coach pendant 3-4 mois tous les jours. Pour apprendre certains morceaux mais aussi et surtout les postures à avoir. Puis, il y a eu tout un entraînement avec ma doublure pour être raccord car chaque pianiste à son ADN.
Hugo Gélin : Au final, Joséphine nous a vraiment bluffé. 70 % de la scène finale du concert c’est vraiment elle.

Les scènes de science-fiction sont très bien réalisées, cela pourrait vous tenter de vous lancer dans un film de ce genre ?
Hugo Gélin : Je suis davantage branché cinéma d’action, d’aventure mais pourquoi pas car ça a été vraiment cool à faire. Après, l’important est de trouver un sujet. Il faut un truc à raconter, que ce ne soit pas gratuit. Mais de toute façon, c’est toujours intéressant de se confronter à des choses différentes, de se tester.
Joséphine Japy : Perso, j’étais comme une dingue lorsque l’on a tourné les scènes de science fiction, issues du roman. Ca m’a vraiment plu. Ca nous a ramené à notre enfance, lorsque l’on jouait et que l’on s’inventait des univers.

Quels sont vos projets respectifs ?
François Civil : Je serai à l’affiche du prochain Cédric Klapisch à la fin de l’année. Sinon, pour le moment, je n’ai pas de tournage à venir, après une période pas mal intense. Donc là, ça va être la vie un peu.
Joséphine Japy : Je serai bientôt à l’affiche d’un film avec Nekfeu. Une histoire d’amour aussi, mais avec une dimension plus sociale. Sinon, je vais également jouer dans une adaptation de Balzac et dans une autre comédie romantique avec un pied sur terre et l’autre dans les étoiles.
Hugo Gélin : Pour ma part, j’ai mis tellement de temps à faire aboutir Mon inconnue, dont le projet précède mon premier film, que j’en profite pleinement pour le moment. Mais, en parallèle, je produits un film actuellement en tournage, Miss de Ruben Alves, avec Pascale Arbillot, Chantal Lauby, Isabelle Nanty, etc. De manière générale, je suis toujours en train d’écrire plein d’histoires en même temps, pour des films ou des séries, et puis à un moment l’un des projets s’enclenchent pour différentes raisons et c’est parti. Donc on verra lequel prendra naissance prochainement.

Propos recueillis par Mathieu Perrichet

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