People/Cinema - Par Mathieu Perrichet - posté le 10/03/2017

Rencontre avec Gérard Jugnot

A la fois devant et derrière la caméra, Gérard Jugnot propose une comédie dramatique dans laquelle deux êtres vont s’aider à renaître mutuellement.

Comment avez-vous pensé à une telle histoire ?
Avec ce film, je voulais avant tout parler d’une histoire de renaissance avec deux personnes qui vont se réparer mutuellement. C’est ça qui est joli et qui me plaisait, le fait que deux individus – a priori très différents – s’apportent quelque chose l’un l’autre. C’est un film sur quelqu’un qui n’a pas encore vécu et un autre qui a arrêté de vivre. Tous deux vont redémarrer au contact l’un de l’autre. Le sujet est assez universel et peut toucher vraiment tout le monde. Je fais du cinéma pour le public avant tout. Pour qu’il prenne du plaisir, qu’il ressente des émotions, qu’il rit…

Le point de départ n’est pourtant pas forcément propice à la comédie…
C’est vrai que le sujet peut être un peu casse gueule a première vue pour une comédie. Mais j’aime bien les points de départ un peu dramatiques, partir de quelque chose qui m’interpelle pour en faire de la comédie. Je l’ai déjà fait en parlant du chômage, de l’occupation… C’est peut être une façon de combler des peurs, des superstitions... L’enjeu était de proposer une comédie plaisante partant du noir pour aller vers le rose, des larmes vers le rire, le bonheur. Il ne s’agit en aucun cas d’un film plombant. Dans mon cinéma, j’ai envie d’alléger la vie, de la raconter en mieux, de la réparer. Car lorsque l’on regarde l’actu, ce n’est pas franchement réjouissant.

Comment avez-vous déniché le jeune comédien qui vous accompagne dans ce film ?
J’ai eu la chance d’auditionner François Deblock lors de castings. Ce garçon a tout pour faire une excellente carrière. D’autant que le rôle de Hugo est difficile car il fallait qu’il soit irritant, emmerdant, qu’il est un côté antipathique mais qu’il apparaisse également naïf et attachant. Finalement, c’est vraiment lui qui porte le film.

Avez-vous tout de suite pensé à vous-même pour incarner Loïc Le Tallec ?
J’ai toujours joué dans mes films. A partir du moment où je suis le chef d’orchestre, cela me paraît presque normal. Et puis jouer est un vrai plaisir, cela me détend. Donc lorsque j’ai la double casquette, ça me permet de faire baisser la pression que je peux ressentir en tant que réalisateur.

Pourquoi avez-vous choisi de situer votre film en Bretagne ?
La Bretagne c’est parce que je voulais opposer le sud d’où vient Hugo, la Méditerranée, les cigales, la ville, avec la campagne, l’océan Atlantique plus tumultueux, la pluie. Deux univers assez opposés qui avaient le mérite d’apporter du contraste. A l’image des deux personnages principaux. C’était amusant de jouer avec cela. Et puis, ce qui m’intéressait également c’est que la Bretagne fait partie de ces régions avec des fondamentaux, des traditions fortes, une identité très marquée.

La référence à la voiture est présente tout le long du film. Pourquoi ?
Déjà parce que j’aime ça. Ensuite, je trouvais que c’était intéressant car elle a clairement un côté métaphorique dans le film. La vitesse rappelle la mort du fils mais aussi le passé du père et la façon dont vit Hugo depuis qu’il a un nouveau cœur. Quant aux scènes où l’on voit Hugo et Loïc réparer le moteur de la voiture, elles font référence à leur propres cœurs qui peu à peu se rafistolent… Elle symbolise notamment leurs renaissances…

Avez-vous déjà une idée derrière la tête pour votre prochain film ?
Je ne pense pas du tout au prochain film pour l’instant. Cette question me fait un peu penser à une femme enceinte de neuf mois à qui on demanderait : « Alors, c’est pour quand le prochain ? »

Propos recueillis par Mathieu Perrichet

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