People/Cinema - Posté le 23/11/2018

Rencontre avec Jonathan Cohen, Patrick Cassir et Camille Chamoux

Dans la joie et la bonne humeur, le néo-réalisateur Patrick Cassir et ses comédiens, Camille Chamoux et Jonathan Cohen, nous en ont dévoilé davantage sur les dessous de leur comédie romantique, Premières vacances.

Quelle est la genèse de cette comédie ?
Patrick Cassir : J’avais très envie d’écrire sur le couple et l’intimité car c’est une thématique très inspirante. Puis, avec Camille Chamoux, la co-scénariste du film et ma conjointe dans la vie, nous somme partis en vacances dans un hôtel de luxe il y a quelques temps, et au bout de cinq jours, nous nous sommes sentis franchement malheureux dans cet environnement fermé. Nous n’arrêtions pas de nous engueuler. Surtout que pour ma part, j’aime les choses classes, tranquilles, tandis que Camille aime davantage le côté typique d’une destination, quitte à se retrouver dans des endroits étonnants… Nous sommes donc un peu en décalage à ce niveau. En y pensant, nous nous sommes alors rendus compte qu’il n’existait pas de film sur le couple en vacances. Une période durant laquelle on passe souvent le plus clair de son temps l’un avec l’autre et où il faut faire des concessions… En fait, les congés représentent une pression monstre. Alors que cela devrait être un moment de détente avant tout. De peur de ne pas réussir leurs vacances, les gens stressent et n’en profitent pas autant qu’ils le devraient finalement.
Jonathan Cohen : Les premières vacances en couple, quand on est 24/24 ensemble, cela pose de vrais problèmes. On a tous vécu, par exemple, comme le montre fort bien Patrick, ce moment où l’on a besoin d’aller aux toilettes mais que l’on ne peut pas car le conjoint est à côté. C’est un cas d’école… 
Camille Chamoux : Ça passionne Patrick de parler de l’intimité et quoi de plus intime que les intestins. Cela paraissait logique de parler de cette épreuve que l’on a tous traversée. 
Patrick Cassir : Même si ça peut en gêner certain, aller au toilettes fait partie de la vie…
Jonathan Cohen : Enfin, au delà de cet aspect, on vous rassure, Premières vacances est bien une vraie comédie romantique, qui raconte notre quotidien à tous. Des situations dans lesquelles on peut facilement tous se reconnaître.
Camille Chamoux : En un sens on peut dire que l’on est la première comédie scato-romantique…
Patrick Cassir : C’est une comédie romantique, qui se moque gentiment des codes de la comédie romantique.

Pourquoi avoir intégré le facteur Tinder dans l’équation ?
Patrick Cassir : Si nous avons souhaité intégrer Tinder dans cette histoire c’est qu’il s’agit d’un phénomène de société. Autour de moi, un ami sur deux se sert de cette application de rencontres. Comme j’aime les comédies qui parlent de leur époque, cela m’intéressait. En plus, Tinder permet de rencontrer des gens différents de son milieu, que l’on ne croiserait pas forcément naturellement. Du coup, cela peut contribuer à créer une dimension comique.
Camille Chamoux : C’est la force de ce genre d’applis de permettre de rencontrer des gens différents, qui sortent de nos cercles habituels. Et c’est propice à la comédie. Du pain béni même. En plus, comme le dit Patrick, nous aimons raconter le monde dans lequel nous vivons. Parler des nouvelles façons de se rencontrer, de voyager, de vivre, à travers Trip Advisor, Tinder, Airbnb, etc.

Comment avez-vous constitué votre duo d’acteurs ?
Jonathan Cohen : Pour Camille c’était une évidence, sinon elle le quittait. Et moi, j’ai appris que Patrick me voulait absolument, qu’il m’avait toujours vu dedans. Avant même Serge le Mytho. Ce qui est flatteur. Surtout que de beaux noms étaient partants pour incarner ce personnage. Quand on s’est rencontré, on a vu qu’on était sur la même longueur d’onde - notre vision du couple, des nanas, était la même avec Patrick. Ca a donc aidé pour que l’on s’entende et se comprenne. C’est génial de pouvoir travailler comme ça.
Patrick Cassir : C’est vrai que j’ai toujours pensé à Jonathan pour incarner cet homme. 
Jonathan Cohen : Cela dit, je dois admettre que j’aime bien le confort, que je n’aime pas trop ce qui est petite cahute. Mais je suis beaucoup moins psycho-rigide que mon personnage. Je suis un peu plus bonne pâte que lui. 
Patrick Cassir : Par ailleurs, je voulais faire un film qui montre des femmes fortes. Aujourd’hui, les hommes semblent un peu perdus, moins téméraires, aventureux. A l’inverse, les femmes font preuve de plus en plus de courage. Côtoyant Camille au quotidien, elle me semblait parfaite dans ce rôle. Dans l’autre duo du film, Camille Cottin représente aussi cette poigne, comparée à Jérémie Elkaïm.

Avez-vous laissé beaucoup de place à l’improvisation durant le tournage ?
Camille Chamoux : On ne peut pas jouer avec Jonathan Cohen sans impro. C’est impossible de faire autrement.
Jonathan Cohen : On a beaucoup improvisé, mais en répétition. Il s’agissait d’être au plus proche de la situation. On improvisait donc en fonction de ce que l’on découvrait en temps réel. Pour un comédien, c’est un cadeau du ciel de pouvoir faire évoluer les choses au fur et à mesure, selon le feeling du moment.
Patrick Cassir : Nous voulions faire une comédie très identifiante. Donc, nous avons beaucoup travaillé sur le ton, plus que sur le jeu.
Jonathan Cohen : En fait, on n’est pas dans une comédie de base. On voit vivre des gens et non des dialogues. Quand les choses sont trop écrites, cela met une distance avec le spectateur. Là, on vit les choses et le public peut davantage s’identifier. 
Patrick Cassir : Lorsque j’entends une vanne trop parfaite dans une comédie, je sors un peu du film. Ca semble trop joué. Donc, je voulais essayer de faire en sorte que cela fasse le plus naturel possible, le plus spontané. 
Camille Chamoux : A nos yeux, il n’y a rien de mieux que le réalisme et l’authentique. On aime lorsque l’on ne sent pas le texte. C’est rare le naturel de jeu dans le cinéma de comédie. Nous, on aime le vrai, la réalité d’expression, du jeu. Tout comme on aime éviter les archétypes. On préfère les personnages complexes.
Jonathan Cohen : Sinon, on tombe dans la caricature et c’est plus pareil. On s’identifie moins aux personnages.

Quelles sont vos références ciné ?
Patrick Cassir : J’aime beaucoup la comédie française. Je me souviens notamment d’un film qui m’a marqué dernièrement : Mon roi de Maïwenn. Dedans, j’ai particulièrement été bluffé par le naturel de Louis Garrel. C’est exactement ce que j’aime et recherche dans un long métrage. Dans ce sens, j’adore aussi Ben Stiller par exemple. Avec lui, ça sent le vrai.

Pourquoi avez-vous choisi la Bulgarie comme destination ?
Patrick Cassir : Au départ, nous voulions tourner au Monténégro. Finalement, nous nous sommes tournés vers la Bulgarie qui s’avère être un pays très cinégénique. Très beau et très rugueux à la fois. Qui a un côté typique, traditionnel, des montagnes, mais aussi une côte dévastée par les promoteurs. 
Camille Chamoux : C’est un pays qui fait partie de ces nouvelles destinations plus ou moins tendances. Pour des vacances, cela peut sembler étonnant pour de nombreuses personnes. En fait, aller là bas peut être génial, comme une vraie plantade. Si on devait résumer, et pour paraphraser une Bulgare venue à une avant-première à Paris, c’est un pays immonde et magnifique à la fois. Un cadre idéal pour notre film.
Patrick Cassir : Pour ma part, c’est une destination que j’ai vraiment adorée donc de dire cela n’a rien de méchant dans ma bouche.
Camille Chamoux : Ce qui est intéressant, c’est que malgré les quelques repérages effectués en amont,  avec Jonathan, nous avons découvert la Bulgarie et ses coutumes en même temps que nos personnages. Du coup, on a presque finit par devenir réellement eux. Cela apporte ainsi encore plus de crédibilité. 

Quels sont vos projets respectifs ?
Camille Chamoux : De mon côté, je tourne en ce moment un film avec Chantal Lauby. 
Jonathan Cohen : Moi, je vais faire une série Netflix réalisée par Igor Gotesman qui a fait le film Five. Puis aussi une série pour Canal+ qui sera une parodie du Bachelor, avec beaucoup de guests. Dont Camille Chamoux j’espère.
Patrick Cassir : Avec Camille, on pense déjà à d’autres choses à écrire. Pourquoi pas continuer à explorer l’idée du couple, mais avec un enfant en plus.

Propos recueillis par Mathieu Perrichet

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