People/Cinema - Par Mathieu Perrichet - posté le 30/03/2018

Rencontre avec Julien Hallard et Vanessa Guide

Leur déjeuner à peine englouti, le réalisateur Julien Hallard et l’une de ses comédiennes Vanessa Guide ont rechaussé leurs crampons pour nous éclairer un peu plus sur la comédie footballistico-féministe Comme des garçons.

Quel parcours vous a mené à réaliser ce premier long métrage ?
Julien Hallard : J’ai fait 6-7 courts métrages. C’est comme ça que j’ai appris le métier. Je n’ai pas fait d’école. C’était des films d’auteur un peu décalés, en rapport avec le rock dont je suis fan. Quand j’ai entendu parlé de cette histoire de création de la première équipe féminine de foot en France lors d’une émission sur France Culture, j’ai eu envie de me lancer dans cette épopée. C’est un épisode plutôt tombé dans l’oubli dans lequel je voyais un vrai potentiel pour faire une comédie populaire. Puis, je n’avais pas envie de faire un film de trentenaires parisiens réfléchissant au sens de la vie.

Avez-vous rencontré les vraies protagonistes ?
Julien Hallard : Oui bien sûr. J’ai rencontré les filles qui ont formé cette première équipe à l’époque. Elles m’ont raconté des anecdotes plus drôles que tout ce que j’aurais pu écrire. Je me suis rendu à Reims. Pour autant, il n’était pas question que je fasse un film documentaire. De leur côté, elles ne voulaient pas apparaître comme des soixantuitardes féministes. Simplement comme des nanas venant d’un milieu populaire ayant envie de jouer au foot. Rien d’autre.

Pour autant, difficile de ne pas voir dans cette comédie un film féministe. Surtout en prenant en compte le contexte actuel…
Julien Hallard : Je n’avais évidemment pas prévu le contexte dans lequel le film allait sortir puisque je me suis lancé dans cette aventure en 2013. Mais je voulais bel et bien faire un film féministe car j’ai toujours été sensible à l’égalité homme-femme. Même à l’école, lorsque je voyais une fille pas prise dans une équipe, ça ne me plaisait pas. C’est un combat que l’on doit tous mener. Ces femmes ont été des pionnières. Elles ont fait preuve de courage. Néanmoins, elles n’étaient pas dans une posture politique.

Leur avez-vous montré le film ?
Julien Hallard : Oui et cela a été un moment délicat. Ca s’est passé dans les locaux du Stade de Reims. J’ai surtout eu peur qu’elle trouve le résultat caricatural. Au final, elles ont aimé que je m’empare de leur histoire à ma manière, tout en gardant l’esprit. Mon idée c’est d’être sincère. Je ne voulais pas d’un film formaté, cynique. Je ne voulais pas faire de concession par rapport à ce que j’avais en tête.

Comment vous y êtes-vous pris pour la reconstitution des années 70 ?
Julien Hallard : Reconstituer les années 70 a été excitant. Je voulais vraiment un truc qui ait de la gueule, avec les couleurs, les références, les décors. Et en même temps, je voulais quelque chose de stylisé. J’avais envie de réinterpréter cette période avec de la modernité.

Comment avez-vous conçu votre casting ?
Julien Hallard : Je voulais absolument des actrices avant tout et non des footballeuses. J’ai donc fait appel à des comédiennes que j’aimais, peu importe leur univers initial. Puis je leur ai fait faire des essais pour voir si ça marcherait. Ensuite, c’est par les entraînements au foot que le groupe s’est créé. Je les ai choisies à l’instinct et j’ai bien fait. Il fallait que cette équipe marche. Sans cela, le film ne pouvait pas fonctionner. Pour Max Boublil c’est différent car de base il n’est pas dans mon univers. Je ne suis pas fou de son humour. Mais on me l’a proposé et je lui ai fait passer un essai. Il fallait que je sois sûr qu’il accepte mes conditions. Il n’était pas question qu’il joue son personnage habituel. Tout ce qu’il m’a proposé, je l’ai refusé. Je ne voulais pas qu’il fasse du Max Boublil car je ne voulais en aucun cas d’une comédie pleine de grosses blagues. Concernant Bruno Lochet, je l’adore. C’est un héritier des grands seconds rôles français. Ca a été une vraie bonne rencontre.

Vanessa Guide, étiez-vous déjà une footballeuse émérite avant ce film ?
Vanessa Guide : Absolument pas. Je n’avais jamais joué au foot de ma vie. Quand j’ai appris que j’étais choisi pour le rôle, je n’avais jamais tapé dans un ballon. Je suis plutôt sportive mais les sports de balle, ce n’est pas mon truc. A part à l’école, je n’en ai jamais fait. Alors comme je suis assez perfectionniste, j’ai tout de suite su qu’il faudrait que je sois coachée par une pro. Et après les premiers essais, il s’est avéré qu’il y avait beaucoup de boulot. Avec les filles nous avons été soumises à un entrainement intensif. Ayant fait pas mal de danse je me suis entraînée comme si j’apprenais des chorégraphies. J’ai en tout cas fait mon maximum pour être crédible. Et je n’ai même pas été tant doublé que ça.

Qu’est ce qui vous a séduit pour vous lancer dans cette aventure ?
Vanessa Guide : En tant que comédienne, j’aime les défis et les belles histoires. Avec ce film, je m’y retrouvais donc. D’autant que le scénario était bien écrit. Le personnage que je joue a une très belle trajectoire. C’est une jeune femme qui, comme un papillon, sort de sa chrysalide et prend son envol. J’aime aussi beaucoup les films avec un esprit de groupe. Avec les autres filles, on s’est toutes très bien entendues. Ca n’aurait pas pu se passer mieux. En général, j’aime beaucoup essayer de garder le contact avec les gens avec qui je travaille. Les relations dans ce métier peuvent être très éphémères, ce qui a un côté frustrant. J’essaie donc autant que possible de reprovoquer, après les tournages, des rencontres pour se faire des apéros, des sorties.

Quelles sont vos références cinématographiques ?
Julien Hallard : J’aime les comédies d’auteur populaires. Mais je suis très éclectique dans mes goûts ciné. J’ai une passion pour plein de réalisateurs différents. Je révère Steven Spielberg. J’adore également les frères Coen, Francis Veber…

Quels sont vos projets ?
Julien Hallard : Niveau long métrage, rien de vraiment concret encore. Je bosse sur des courts.
Vanessa Guide : J’ai tourné dans un film en anglais destiné au marché australien cet hiver avec Eddie Izzard. Je serai aussi à l’affiche de Alad’2 en octobre.

Propos recueillis par Mathieu Perrichet

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Sortie : 25/04/2018

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