People/Cinema - Par Mathieu Perrichet - posté le 06/10/2016

Rencontre avec Nicole Garcia

Le huitième long métrage de la réalisatrice Nicole Garcia est un joli drame mélancolique où réalité et fantasme se confondent chez le personnage principal.

Comment avez-vous découvert le livre dont est inspiré Mal de pierres ?
Je l’ai acheté sur les conseils d’un ami dans un kiosque d’aéroport et je l’ai dévoré d’une traite lors d’un vol Paris-Marseille. Dès que je l’ai lu, j’ai su qu’il y avait quelque chose pour moi dans ce livre. Quelque chose m’a attrapé dans cette histoire avec ce destin de femme. En revanche, c’est un film que j’ai mis longtemps à faire. J’en ai amorcé l’écriture puis je me suis arrêtée et j’ai réalisé Un beau dimanche. Je m’y suis finalement remise mais c’est un récit complexe.

Adaptation oblige, êtes-vous restée fidèle au roman ?
L’histoire a été adaptée très librement. Ce n’est pas un copié/collé du roman et je dirais même que c’est un de mes films les plus personnels. Mais, on peut s’éloigner d’un livre sans le trahir pour autant. Lorsque les éditeurs ont vu le film, ils ont été très émus.

Comment évoqueriez-vous cette histoire ?
C’est une histoire d’amour qui montre que celui-ci n’est jamais là où l’on s’y attend. Il est également question de désir avec l’affranchissement de Gabrielle vis à vis d’une mère très dure, voire virile. Dans les années 50, une femme qui ne censure pas son désir fait peur. C’est également une histoire de guerre. La guerre d’Espagne pour José et celle d’Indochine pour André Sauvage mais aussi la guerre intérieure que mène Gabrielle. Il y a quelque chose d’assez universel dans les thèmes abordés.

Comment avez-vous pensé à Marion Cotillard pour incarner Gabrielle, le personnage principal ?
J’ai tout de suite pensé à elle. En fait, lorsque j’écris un scénario, j’imagine très vite le comédien qui incarnera le mieux le personnage. Cela m’aide à le construire. Gabrielle a quelque chose de très sexué, d’animal. Elle fait parler son corps. Il y a quelque chose de sacré chez elle, en recherche d’un idéal. J’aime beaucoup Marion Cotillard et je l’ai beaucoup regardé. Dans le film, elle s’abandonne. Sur le plateau, elle comprenait jusqu’où elle devait aller pour ce personnage.

Et concernant Louis Garrel ?
J’ai hésité en ce qui concerne Louis Garrel. Pour former un beau et grand couple de cinéma, il faut des acteurs qui s’aimantent. Deux grands acteurs ne font pas forcément un grand couple. Ca peut même être le contraire. Mais, finalement, lorsque j’ai vu Louis avec Marion, j’ai compris que ça marcherait très bien.

Quid du comédien qui incarne José ?
Il me fallait quelqu’un de charismatique et un comédien espagnol qui parle français. Or, ils sont très peu aujourd’hui dans ce cas et lorsque j’ai rencontré Alex Brundemülh, il m’a beaucoup plu.

Cette histoire parle t-elle de la folie ?
Non. Gabrielle n’est pas psychotique ou hystérique. Elle ne verse pas dans la folie. C’est un désir qu’elle a en elle et qui est censuré par la société de l’époque qui l’a rend comme elle est. En fait j’ai voulu traiter le fantasme comme si c’était quelque chose de réel. Le pari de ce récit, c’est que l’on y croit.

Propos recueillis par Mathieu Perrichet

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Sortie : 19/10/2016

Gabrielle a grandi dans la petite bourgeoisie agricole où son rêve d’une passion absolue fait scandale. A une époque où l’on destine les femmes au mariage, elle dérange, on la croit folle.