Outpost

Genre : Epouvante
Sortie le : 14/01/2009 (01H27)
Réalisateur : Steve Barker
Acteurs : Ray Stevenson

Sept mercenaires sont envoyés dans un ancien bunker au fin fond d'une forêt d'Europe de l'Est, non loin du Kosovo. Leur mission : escorter durant les prochaines 48 heures un homme d'affaire vers un fortin de guerre abandonné. Une fois sur place, ils prennent conscience que le lieu n'était autre que le théâtre d'expériences scientifiques nazies. Alors qu'ils découvrent qu'ils ne sont pas seuls, ils vont rapidement découvrir ce qu'ils font là...

Déconseillé aux moins de 12 ans



Critique

Par Jean-Marc Vigouroux - posté le 17/04/2018

J’ai les zombies occultes

Avant que les jeux vidéo ne s’en emparent assez logiquement (on se souvient du mythique Return to Castle Wolfenstein, ou de certaines extensions étranges de Call of Duty), le cinéma, objet transitionnel privilégié de la catharsis collective, s’est volontiers entiché du fantasme des expériences nazies dans le domaine des sciences occultes. Ainsi, de l’arche perdue d’Indiana Jones aux portes dimensionnelles qui introduisirent Hellboy dans notre monde, ou – dans la case parfois délicieuse du bis – du Commando au Lac des mort-vivants, les terrifiantes légions du 3ème Reich, en plus ou moins bonne santé, font régulièrement irruption sur nos écrans, histoire de raviver le cauchemar du 20ème siècle. Celui du Mal absolu, contenu tout entier dans la résurgence de notre incapacité à y faire face à nouveau. Devenu un sous-genre du fantastique à part entière, et loin d’avoir rendu les armes si l’on en croit les premières images fantasques du norvégien Dead Snow, le « Nazi Zombie flick » a trouvé à l’évidence dans ce Outpost, inédit dans les salles, un échantillon de choix. Mené avec une étonnante maitrise esthétique (un scope délavé de toute beauté), le premier long-métrage du britannique Steve Barker choisit pour décor le no man’s land, un rien anarchique, qu’est devenue l’Europe de l’Est au fil des années de guerres ethniques. Terrain de jeu des mercenaires de tout poil (ici, les « sept » sont issus des anciennes grandes armées du globe – légion française, SAS britannique, Marines US ou derniers Soviets de la grande Armée rouge), ce théâtre des opérations informel recèle en son sein, belle idée, les secrets de l’Histoire, les racines de son mal enfouies là, à quelques mètres sous terre. Escorté par l’escouade de DC (Ray Stevenson, le formidable Titus Paulo de la série Rome), un prétendu géologue, à la solde d’un géant industriel (tiens, tiens…), est en vérité à la recherche d’une obscure machine secrète, enterrée dans un ancien bunker allemand de la seconde guerre mondiale. Les forces infernales qu’il va libérer malgré lui vont-elles plonger le monde dans une nouvelle obscurité ? Tourné dans l’hiver humide de Glasgow, Outpost est un film d’une belle efficacité et d’une vraie intelligence. Conscient de ses contraintes, Steve Barker ne se laisse pas séduire par les sirènes de l’effet gore « cheap », mais s’échine à rendre une épreuve formellement irréprochable : rigueur du huis-clos, exigence de la cartographie des lieux, usage astucieux du hors-champ et des ombres, montage sobre et créativité au rendez-vous via le « cartoon » propagandaire projeté dans ce bunker (palace) mortel. De fait, le film tend parfois à plus « dire » que « montrer », notamment dans sa première partie, petit défaut parfaitement justifié par la volonté du néo-réalisateur de générer de l’empathie pour ces mercenaires, symptômes d’un 21ème siècle sans idéologie ni combats à mener, si ce n’est contre lui-même. Une jolie découverte, donc, d’une noirceur insondable, dont une suite est déjà en chantier…

Jean-Marc Vigouroux