Joseph et ses deux fils, Joachim et Ivan, formaient une famille très soudée. Mais Ivan, le plus jeune, collégien hors norme en pleine crise mystique, est en colère contre ses deux modèles qu’il voit s’effondrer. Car son grand frère Joachim ressasse inlassablement sa dernière rupture amoureuse, au prix de mettre en péril ses études de psychiatrie. Et son père a décidé de troquer sa carrière réussie de médecin pour celle d’écrivain raté. Pourtant, ces trois hommes ne cessent de veiller les uns sur les autres et de rechercher, non sans une certaine maladresse, de l’amour…
Pour sa première incursion derrière la caméra, le jeune comédien Félix Moati signe une comédie existentielle rondement menée. Dans Deux fils, le néo-cinéaste s’attarde sur un trio détonnant, en plein doute. Un père et deux frères qui tentent chacun à leur manière, tant bien que mal, mais en s’épaulant, d’avancer dans la vie. Des personnages en quête d’amour et de sens, dépressifs, névrosés, plein de fêlures, paumés, mais extrêmement touchants. Des individus qui se cherchent et cherchent leur chemin. Portés par des comédiens impeccables (Vincent Lacoste, Benoît Poelvoorde, Mathieu Capella) et une mise en scène parfaitement ciselée. Surtout, on se délecte tout du long d’une écriture aux petits oignons, de répliques et de dialogues qui font mouche. Rythmé, drôle, émouvant, intelligent, Deux fils propose une sorte de réflexion sur l’existence que le maître en la matière Woody Allen ne renierait pas. Car, de bout en bout, on ne peut s’empêcher de penser au cinéaste new yorkais, face aux tourments, aux interrogations, aux doutes, aux inquiétudes aussi terre à terre que métaphysiques et vertigineuses du trio. Un trio qui, pour paraphraser Vincent Lacoste dans le film, a développé « une ambivalence à l’endroit de la vie ». En bref, Félix Moati signe avec maîtrise un joli premier film, tendre et à l’humour vif, tout simplement.
