Un groupe d’amis de longue date se retrouve le temps d’un week-end dans un chalet en montagne. Des années se sont écoulées depuis leurs dernières retrouvailles, et pourtant, rien ne semble avoir changé entre eux. Un sombre épisode du passé se cache néanmoins derrière les rires et les anecdotes. Témoins d’un étrange incident, ils se retrouvent soudainement abandonnés à leur sort, sans moyen de communication vers le monde extérieur. Parti chercher de l’aide, le groupe devient de plus en plus restreint, tandis qu’autour de lui, toute vie humaine semble avoir disparu.
Mélo, vélo, dodo
Tout commence comme une chanson de Patrick Bruel : Felix rejoint avec sa nouvelle fiancée, Eva, un groupe d’amis pour un week-end dans un chalet au fond des montagnes d’Espagne. Alors que le souvenir d’un copain d’avant (qu’ils appelaient « le prophète ») sème la zizanie dans l’assemblée, une étrange comète traverse le ciel et les voilà sans énergie, portables, ustensiles électriques et voitures à plat. Pis encore, toute trace d’être humain semble avoir disparu alentours… Sur la base d’une nouvelle, mise en long-métrage pas Jorge Guerricaechevarría, le scénariste virtuose de Celda 211 et de l’essentiel de la filmographie d’Alex de la Iglesia, tout le propos de The End tient dans cette réplique de la belle Clara Lago : « c’est tout simple : nos vies n’ont pas tellement d’importance. On naît, on se marie… on meurt, dans l’indifférence générale… » Mais pour tenir le spectateur en éveil jusqu’à cette conclusion sommaire, Jorge Torregrossa mise sur un premier film « Canada Dry », la couleur du genre mais le goût du mélo, porté par un casting de choix (Maribel Verdú en tête). Du coup, si dans la seconde partie du film le fantastique prend le temps de tout montrer sans rien expliquer (un road movie à vélo dans des paysages vides d’humain), la richesse de l’exposition emporte l’adhésion sur la note du « on s’était dit rendez-vous dans dix ans » : l’identification est totale dans ce petit jeu de bas les masques, où cette bande de néo-quadras se demande bien qui ils sont (y compris Felix qui a en fait payé une « escort girl » en guise de fiancée), quelle image ils entretiennent les uns des autres, quelle est la réalité de leur lien au fil de souvenirs anciens constamment réinventés. Quant au jeu de l’oie macabre qui résulte de la disparition de l’humanité (et de chacun d’entre eux tour à tour), il demeure irrésolu donc frustrant, même si les citations aux Révoltés de l’an 2000 dans ces décors vides saturés de soleil sont plaisants. Un beau premier film… un peu vain.
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En Compétition européenne du 31ème Festival du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF)
Remerciements : Jonathan Lenaerts et toute l’équipe presse du BIFFF.