People/Cinema - Posté le 02/02/2017

Rencontre avec Lina El Arabi

Dans Noces, un drame familial sur fond de tensions culturelles, Lina El Arabi interprète une jeune femme belgo-pakistanaise tenaillée entre son envie de liberté et les traditions.

Premier rôle au cinéma oblige, pouvez-vous nous présenter votre parcours jusqu’ici ?
Depuis que je suis assez jeune, je prends des cours de théâtre et mes parents m’ont même offert un stage au cours Florent car j’avais eu de bonnes notes au Brevet. Mais ils ont également toujours souhaité que je poursuive des études et moi aussi. D’ailleurs, je suis actuellement en dernière année d’une école de journalisme. Au delà du théâtre, j’ai presque toujours baigné dans l’art puisque j’ai commencé à faire du violon et de la danse classique dès mes 6 ans et je suis allée jusqu’au bout de mes années de Conservatoire. En fait, Noces est en effet mon premier rôle au cinéma mais je passe des castings depuis que j’ai 10 ans et c’est d’ailleurs comme ça que j’ai décroché ce rôle. Sinon j’ai fait quelques apparitions à la télé.

Qu’est ce qui vous a séduit dans cette histoire ?
J’ai beaucoup pleuré en lisant le scénario que j’ai lu d’une traite. Même s’il faut avouer que j’ai la larme facile en général, il est fou et tellement émouvant. En outre, l’amour qu’il y a dans ce film m’a plu et notamment la relation forte entre Zahira et son frère. Cela m’a parlé. Puis, ce n’est pas un film de stars et ce n’est pas ce qui m’intéresse donc tant mieux. Enfin, le fait qu’il s’agisse d’une histoire vraie rajoute forcément quelque chose en plus. Cela touche davantage.

Le mariage forcé est-il un sujet qui vous interpelle particulièrement ?
La thématique n’a rien à voir avec mon histoire et le mariage forcé est quelque chose qui m’est tout à fait étranger. Je suis franco-française et j’ai la chance de ne pas avoir été confrontée à ce genre de choses. Donc je n’y ai jamais vraiment pensé mais forcément il s’agit d’un sujet auquel on ne peut pas être insensible.

Comment cela s’est passé pendant le tournage ?
En fait, tout c’est fait assez rapidement puisque l’on m’a rappelé six mois après le casting, soit deux semaines seulement avant le début du tournage. J’ai alors rencontré Stephan Streker à deux reprises avant qu’il ne m’engage. Du coup, je n’ai eu qu’une semaine très intense pour me préparer et notamment apprendre l’ourdou. En plus, il s’agit de mon premier film au cinéma et du rôle principal, donc j’avais pas mal de pression sur les épaules. Je voulais vraiment être à la hauteur, ne pas décevoir. D’autant que je suis très exigeante avec moi-même et plutôt anxieuse. La relation avec Stéphan Streker a été très importante. Je l’ai beaucoup écouté et il m’a rassuré. Je voyais qu’il me faisait confiance. Sébastien Houbani qui interprète mon frère dans le film, et qui est un comédien très généreux, a un peu joué ce rôle également sur le plateau et m’a bien épaulé. En fait, l’équipe dans son ensemble m’a vraiment aidé à m’imprégner du personnage et de l’histoire. Finalement, je ne me suis pas posée trop de questions et je me suis un peu abandonnée.

Vous êtes-vous renseignée sur la jeune femme dont votre personnage est inspiré ?
Je n’ai pas eu envie de me renseigner plus que ça sur Zahira. Même si c’est tiré d’une histoire vraie, j’étais vraiment dans la fiction, pas dans l’imitation. Après, il y a forcément de l’empathie pour cette fille avec qui je me suis trouvée énormément de points communs.

A quel point le film est-il fidèle à la réalité ?
Dans la réalité, la grande sœur n’existe pas. Quant aux parents, ils étaient beaucoup plus durs en vrai que dans le film. En fait, Stephan a voulu les présenter de façon moins horrible pour montrer que Zahira n’est pas victime de parents monstrueux mais bien d’une situation monstrueuse. Il n’était pas question pour lui de porter de jugements sur les individus mais de montrer une réalité.

Quels sont vos goûts en matière de cinéma ?
Je trouve que le cinéma français est bien mais je pense que l’américain est en avance sur nous dans sa manière d’aborder certains sujets. J’adore Tarantino et si un jour je joue dans un film de Scorcese, je pourrai mourir tranquille. Sinon, je suis une inconditionnelle de Jacques Audiard mais plus Sur mes lèvres que De rouille et d’os. Et un de mes films préférés c’est L’Eté meurtrier de Jean Becker.  

Comment envisagez-vous la suite de votre carrière ?
J’ai envie de jouer dans des choses très différentes. Je ne veux pas me voir enfermer dans un style de rôle. Je suis déjà fière de ce que j’ai fait à 21 ans et honnêtement, ça ne me dérangerait pas de faire juste un film de temps en temps à partir du moment où celui-ci me plait. Le jeu, j’ai ça en moi, j’adore ça, mais je suis également étudiante en journalisme donc le cinéma n’est pas le seul truc qui me motive. C’est du plus.

Avez-vous d’ores et déjà d’autres projets devant la caméra ?
Après le tournage de Noces, j’ai aussi eu le rôle principal dans le téléfilm Ne m’abandonne pas de Xavier Durringer. Sinon, je serai également à l’affiche de Eyes on Juliet, le prochain film de Kim Nguyen et dans la troisième saison de la série Kaboul Kitchen. Puis là, je m’apprête à jouer dans un court métrage réalisé par un ancien journaliste dans lequel j’incarne une jeune reporter de guerre à Homs au moment des bombardements. Un personnage qui me ressemble complètement.

Propos recueillis par Mathieu Perrichet

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Sortie : 22/02/2017

Zahira, belgo-pakistanaise de dix-huit ans, est très proche de chacun des membres de sa famille jusqu’au jour où on lui impose un mariage traditionnel.