La colère d'un homme patient

Tarde para la ira
Genre : Thriller
Sortie le : 26/04/2017 (01H32)
Réalisateur : Raúl Arévalo
Acteurs : Antonio de la Torre, Luis Callejo, Ruth Diaz

Plutôt timide et discret, José a ses habitudes dans un bar tenu par Ana. Il y boit son café quotidien, tape parfois le carton avec d’autres habitués et observe la patronne, qui semble cacher une grande tristesse derrière son visage épuisé. Et pour cause : son mari a pris huit ans de prison suite au cambriolage d’une bijouterie qui a mal tourné.



Critique

Par Jean-Marc Vigouroux - posté le 09/05/2017

Extrême préjudice

Co-écrit avec le psychologue David Pulido, développé pendant près de dix ans, tourné caméra à l’épaule et en 16mm, tout dans ce premier long-métrage du comédien – et désormais réalisateur – Raul Arévalo (vu chez Almodovar comme chez De la Iglesia) sent l’envie de bien faire et une pugnacité à toute épreuve. Car si la vengeance froide à l’écran est un sujet presque éculé, il demeure un exercice casse-gueule dont seuls les funambules savent flirter avec la violence sourde (sans qu’elle ne soit graphique) et la profondeur du propos (sans qu’il ne devienne putassier). De fait, Arévalo réussit l’examen de passage avec brio, citant sur le bout des doigts les invariants des classiques américains (braquage, prison, salle de boxe, hacienda, réunion de famille, road-movie…), mais teintant chaque séquence de son film d’une âpreté suintante, que le sexe, l’amour, l’enfant ou la mort en soient l’enjeu. A l’inverse de Sam Peckinpah, qui laissait éructer la violence en courant alternatif, Arévalo s’attache d’abord ourdir la violence latente de l’arène, avant d’y mettre à mort ses anti-héros repentis, non sans, parfois, une bise d’humour glacial. Du Walter Hill sous le soleil de plomb ibère, déjà récompensé par quatre Goya.

Jean-Marc Vigouroux