Shivudu, recueilli au berceau par des villageois, grandit au pied d'une immense cascade. Malgré l'interdiction de sa mère, son rêve a toujours été de franchir cette frontière naturelle et d'explorer le monde caché en amont. Une étrange jeune fille lui apparaît un jour et l'invite à la suivre. Shivudu, mesmérisé, parvient enfin à escalader jusqu'au sommet. Ce monde nouveau, qui se découvre alors devant lui, lui réservera bien des surprises.
Mémoire de nos pères
Premier volet d’un diptyque, dont le second opus est actuellement en tournage, Baahubali : The Beginning, signé du « Ridley Scott indien » S.S. Rajamouli, est à ce jour le long-métrage de tous les records à Kollywood (le Bollywood tamoul) : budget (40 millions de dollars), récompenses, mais aussi, paradoxalement, rentabilité... Présenté en salles dans sa version internationale de 2h17 (et non plus 2h39) remontée par Vincent Tabaillon (de l’écurie Luc Besson), La légende de Baahubali narre le destin de Shivudu, orphelin adopté par des villageois mais en route vers la reconquête de son trône, sur fond de guerre fratricide dans la mythologie familiale du héros. Comme toujours en Inde, chaque séquence est prétexte à la démesure d’un cinéma total, entre combats épiques, parties chantées (et dansées), chorégraphies en apesanteur et scènes de comédies guimauve, le tout dans le seul but d’offrir une expérience toujours inédite de voyage immobile au spectateur (d’autant plus sidéré s’il est occidental) : qu’il soit sauvé des eaux, bébé, par une nourrice noyée qui le tient à bout de bras pendant des heures malgré le courant, qu’il remonte une cascade titanesque tel le saumon vers la source, à la force de ses bras en poursuivant une déesse chanteuse de karaoké, ou qu’il surfe une avalanche furieuse sur un rocher, rien ne résiste à la gabegie spectaculaire et au délire visuel. Faut dire que son père, le fameux Baahubali, combattait en son temps à lui (presque) seul et à grands coups de latte, une armée d’une centaine de milliers d’hommes… On brûle donc de voir la suite pour savoir non pas « si », mais « comment » il va s’en sortir.
Jean-Marc Vigouroux