People/Cinema - Par Mathieu Perrichet - posté le 04/06/2015

Rencontre avec Alanté Kavaïté

Summer de la Lituanienne Alanté Kavaïté, romance onirique et estivale entre deux jeunes femmes, évoque les thèmes de l’éveil adolescents et de l’homosexualité dans une mise en scène très léchée.

Comment a germé l’idée de ce film ?
Durant des années, j’ai animé pas mal d’ateliers sur le cinéma avec des adolescents dans la région Centre en France et j’ai beaucoup apprécié travailler avec eux. Leur spontanéité, leur candeur, leur liberté m’ont captivé. Ils vivent les choses avec intensité et cela m’a rappelé ma propre adolescence.

Votre film parle néanmoins de mal être…
Les souffrances et les errances sont des étapes pour grandir et s’émanciper. Cette période de l’adolescence est souvent difficile, source de mal être mais on relativise avec le temps et il y a également beaucoup de joie. Je me suis rendue compte qu’il existait finalement peu de films heureux sur cette période de la vie alors qu’il s’agit d’une période où tout est exalté, pleine de découvertes, de premières fois…. Summer parle de choses dures mais est avant tout un film clair, lumineux, assez pop.

Pourquoi avez-vous choisi d’évoquer une histoire d’amour entre filles ?
Déjà je voulais que mon intrigue passe par une histoire d’amour et qu’il soit question de première fois. Une histoire d’amour entre deux filles permet de construire une symétrie à partir de leurs différences assez flagrantes. Elles sont des révélateurs des défauts et des qualités de l’autre comme un miroir inversé. Et puis, cela permettait d’évacuer la question du genre pour se concentrer sur l’humain en général.

Comment est perçue l’homosexualité en Lituanie ?
Il reste beaucoup de choses à faire mais l’évolution est plutôt positive. Les jeunes et même les moins jeunes assimilent de plus en plus la chose. Cela dépend aussi des régions. C’est au niveau de l’éducation qu’il faudrait travailler et faire encore des efforts. Mais Summer, qui est le premier film LGBT lituanien, n’a eu aucun souci à trouver des financements.

En quoi était-il important que votre histoire se passe l’été ?
Cela était primordial que ce soit l’été pour les sensations et les émotions. La saison se prête à cela : la chaleur, les corps découverts, la sensualité… L’été constitue une parenthèse particulière dans l’année. Et les avions acrobatiques ne volent que durant cette saison.

D’ailleurs, l’aviation apparaît en ligne de fond tout le long du film. Pourquoi ce choix ?
La Lituanie est un pays avec une relation presque névrotique, obsessionnelle avec les avions et les objets volants. Peut-être parce qu’il s’agit d’un pays plat. En tous les cas, l’aviation m’apparaissait comme une métaphore parfaite pour ce que je cherchais à représenter, à savoir une adolescente qui se construit et prend son envol.

On retrouve également le thème de la danse avec la mère de Sangaïlé…
La danse a un rapport au corps et à l’espace intéressant. Il y a une véritable exigence. Visuellement, cela rappelle l’aviation acrobatique et cela apporte une sorte de lien entre la mère et la fille.

Vous portez beaucoup d’attention à la mise en scène dans votre film…
C’est un film davantage tourné sur les émotions, les sensations que sur les rebondissements narratifs et les éléments explicatifs. Je travaille plus par l’image et le son que par les dialogues. L’esthétique était très importante car je voulais quelque chose de très sensoriel. Je fais un cinéma visuel dans les rapports entre l’image et le son. Ici, la question de l’espace était primordiale.

Mathieu Perrichet

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Sortie : 29/07/2015

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