Rencontre avec Denis Dercourt

En Equilibre du musicien et réalisateur, Denis Dercourt, est une adaptation libre du livre autobiographique de Bernard Sachsé Sur mes quatre jambes. Un joli film sur la reconstruction, la passion et l’espoir.

D’où vient l’idée d’adapter au cinéma le roman Sur mes quatre jambes de Bernard Sachsé ?
Ce sont les producteurs qui sont venus vers moi et m’on fait lire le livre. Très vite, le projet m’a plu. Je me suis senti proche du personnage. Lorsqu’il a eu son accident Bernard Sachsé vivait au cachet comme moi pendant longtemps quand j’étais musicien. D’autre part, la peur de l’accident qui empêche d’exercer son activité est récurrente chez les musiciens. Puis, il s’agit de deux professions faites de concentration, de précision, où il faut être très travailleur.

Bernard Sachsé a t-il eu un droit de regard sur le film ?
Je l’ai rencontré à plusieurs reprises au début de l’écriture mais assez vite j’ai cessé de le voir afin de pouvoir me sentir plus libre sur mon récit. Il a tout à fait accepté cette prise de distance. En outre, sur le tournage, il a lui-même été conseiller équestre.

Le film n’est donc pas complètement fidèle au livre ?
Même s’il fallait respecter l’histoire de base, le film n’a en effet pas grand chose à voir avec le film. Il s’agit d’une adaptation libre. L’ensemble a donc été romancé. Par exemple, dans la vraie vie, Bernard Sachsé est marié et l’histoire avec l’agent d’assurance a été inventée même si cela démontre les soucis qu’il a vraiment eu au niveau des assurances. Pour moi, il s’agit avant tout d’un film sur l’accomplissement de soi et la passion à travers une rencontre.

Pourquoi avoir choisi Albert Dupontel pour incarner le rôle de Marc inspiré de Bernard Sachsé ?
Le choix s’est fait en accord avec les producteurs. Selon moi, il n’existe pas un éventail de choix énorme pour incarner un tel personnage. Il fallait un acteur avec un physique approprié pour endosser ce rôle de cascadeur. Lorsque je l’ai rencontré, j’ai ensuite appris qu’il avait failli être paralysé suite à une maladie étant plus jeune. Dès la lecture du scénario, il a donc très bien compris le personnage de Marc, ce qui était évidemment un plus.

C’est d’ailleurs lui-même qui a joué réellement les cascades du film…
En effet, c’est lui qui a assuré toutes les scènes du film et à la vue de certaines séquences de voltige, c’est un véritable exploit. De même, Cécile de France interprète elle-même les morceaux de musique qu’elle joue à l’écran. Je tenais à cela car j’ai besoin que l’on soit le plus possible dans le réel et que le spectateur le ressente. Par exemple, lorsque dans le film Florence monte pour la première fois à cheval, sa peur n’est pas feinte puisqu’il s’agissait aussi d’une première pour Cécile de France.

Malgré un sujet dramatique et tragique, vous parvenez à ne pas tomber dans le pathos…
Le fait d’avoir fait des thrillers auparavant m’a empêché de tomber dans la mièvrerie et m’a permis de conserver une certaine tension tout au long du film. Je ne voulais pas de quelque chose de confortable, dans lequel on s’installe. Ainsi, lors du tournage, j’ai fait en sorte de maintenir une pression afin que cela se ressente à l’écran.

Mathieu Perrichet

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