Le premier long-métrage de la cinéaste turque Deniz Gamze Ergüven est une jolie ode à la liberté portée par de jeunes comédiennes touchantes.
Comment est née l’idée de ce film ?
Je voulais raconter ce que c’est qu’être une femme en Turquie de nos jours. Un pays conservateur, pourtant plein d’énergie et de potentiel, dans lequel la condition féminine est au centre du débat public. Le fait d’être souvent en France m’a sans doute permis de poser un regard différent sur le sujet. Lorsque je retourne là-bas, je ressens un corsetage qui me surprend. La féminité est sans arrêt ramené à la sexualité, le moindre geste peut être taxé d’érotisme. La vision de la femme y est assez ambiguë.
Peut-on parler de film politique ?
Non, celui-ci n’a pas été conçu comme cela. Il ne s’agit en aucun cas d’un film naturaliste. Si le point de départ est réel, l’histoire s’apparente à un conte. Je n’ai aucune velléité militante ou discursive. Je ne fais qu’exprimer ici mon point de vue personnel.
Comment avez-vous trouvez vos cinq comédiennes ?
Le casting est le point clé du film car il s’agissait de construire un personnage à cinq têtes. Il nous fallait avant tout une distribution plutôt que cinq filles distinctes. Cela s’est passé par coups de cœur lors de castings suite à des annonces diffusées. J’ai rencontré beaucoup de jeunes filles et le jour où les cinq sélectionnées se sont rencontrées, il s’est vraiment passé quelque chose, cela a été une évidence. Elles sont devenues un personnage avec un seul corps. Il y avait une vraie harmonie.
Pourquoi avoir choisi ce titre « Mustang » ?
Le Mustang est un cheval sauvage et le titre fait donc référence à son comportement indomptable, fougueux à l’image de mes cinq héroïnes. Nous voulions un mot qui résume ce tempérament énergique. Puis, c’est assez visuel. Par exemple, la crinière des chevaux rappelle les cheveux longs des jeunes filles.
Vous êtes vous inspirée de certains films ?
On me parle souvent de la ressemblance de Mustang avec Virgin Suicides de Sofia Coppola parce qu’il y est aussi question de cinq sœurs et d’une intrigue assez similaire. Mais j’ai surtout regardé beaucoup de films d’évasion comme Un condamné à mort s’est échappé de Robert Bresson ou L’Evadé d’Alcatraz de Don Siegel. J’ai également vu plusieurs films de huis clos.
Mathieu Perrichet
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