People/Cinema - Par Mathieu Perrichet - posté le 18/09/2014

Rencontre avec Eric Toledano et Olivier Nakache

Trois ans après le phénomène Intouchables - plus de 19 millions d’entrées en France -, les deux compères Eric Toledano et Olivier Nakache, accompagnés de leur acteur fétiche Omar Sy, sont de retour sur le devant de la scène.

Comment s’y prend t-on pour réaliser un film après avoir connu un immense succès avec le précédent ?
Eric Toledano : Après Intouchables, la seule solution que l’on a trouvée c’était de faire en sorte que le film suivant ne soit pas le film d’après. Il fallait qu’il ait sa singularité. Ce que l’on a vécu avec Intouchables n’a pas vocation à se répéter. Donc nous avons vraiment essayé d’envisager ce film sans penser au précédent. Après un tel succès, on avait envie de prendre un risque. On ne voulait pas satisfaire un public que l’on n’avait pas mais on voulait rester nous-mêmes.

Mais toujours avec Omar Sy…
Eric Toledano : Exact, il s’agit de notre cinquième collaboration après Nos jours heureux, Tellement proches, Intouchables et le court métrage Ces jours heureux. Donc, il faut bien comprendre que nous n’avons pas attendu de connaître le succès pour être fidèle à Omar.

Comment est née l’idée de traiter d’un tel sujet ?
Olivier Nakache : Nous avions depuis longtemps envie de faire un film sur les sans papiers. On a fait beaucoup d’investigations pour se nourrir. Et en tombant sur le livre Samba pour la France de Delphine Coulin, on s’est dit qu’il serait vraiment intéressant de l’adapter car il était très réaliste. On a donc conservé toute la trame du livre en modifiant quelques éléments pour le rendre plus léger sur certains passages.

Justement, n’est-ce pas étrange de tenter de faire rire sur un sujet aussi dramatique ?
Eric Toledano : Tout dépend de quel rire on parle. Là l’humour, c’est d’être dans la fracture des personnages pour mieux les pénétrer et dédramatiser. Sinon, on prendrait la vie trop au sérieux. Le rire c’est notre ADN.
Olivier Nakache : Cette feuille de légèreté c’est notre marque de fabrique malgré un côté dramatique assez fort. En revanche, il faut que la trame soit très crédible pour ne pas non plus tomber dans la farce.

Comment présenteriez-vous ce nouveau long métrage ?
Eric Toledano : C’est l’histoire de deux personnes en marge, à deux bouts de la chaîne du travail. L’idée de notre ciné, c’est de faire se rencontrer des gens qui a priori ne devraient pas se rencontrer. Nous voulons montrer que les gens peuvent s’apporter du positif. Ce qui est un peu à contre-courant de la société actuelle. Mais c’est ça le fil rouge de notre cinéma. Intouchables était dans la complémentarité alors que là ce sont leurs failles qui les réunis à travers le travail : sans papier pour l’un, "burnout" pour l’autre.

Comment s’y est pris Omar Sy pour se mettre dans la peau d’un sans papier ?
Eric Toledano : Il s’est beaucoup documenté en lisant des bouquins, en visionnant des documentaires. C’est un véritable travail de composition. On a vraiment assisté à la construction d’un personnage.

Il s’agit d’un sujet éminemment politique…
Eric Toledano : Certes, mais l’on ne se sent pas pour autant une responsabilité politique.
Olivier Nakache : Après, l’avantage d’avoir Omar Sy en tête d’affiche, c’est que cela offre une exposition importante et cela permettra peut être à certaines personnes de se poser des questions, de réfléchir sur le sujet.

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