People/Cinema - Par Stéphane Gérard - posté le 14/10/2014

Rencontre avec François Ozon et Romain Duris

Comment est né le film ?
François Ozon : J'avais lu, il y a une vingtaine d'années, la nouvelle de Ruth Rendell (New Girlfriend) et je souhaitais l'adapter dans un court métrage car cette nouvelle est brève, elle ne fait que quinze pages. Malheureusement, à l'époque je n'avais ni trouvé le financement, ni le casting. Puis le temps est passé, cela m'a permis de mûrir le projet pour me lancer il y a deux ans, sur une adaptation libre pour un long-métrage.

Vous attendiez de trouver un acteur comme Roman Duris pour relancer ce projet ?
François Ozon : Oui et non ! En fait, le scénario me hantait déjà depuis longtemps, j'avais une forte envie de le faire. Il est vrai que la rencontre avec Romain m'a conforté dans mon idée. Côté casting, je le voyais parfaitement incarner l'ambiguïté, le double personnage de David/Virginia, cela me semblait être une évidence. Après quelques essais, nous étions convaincus l'un et l'autre de notre collaboration.

Vous souhaitiez faire passer des messages sur la différence, l'acceptation de l'autre ?
François Ozon : Non, je ne fais pas des films pour revendiquer une cause ou autre, je ne suis pas un cinéaste militant. En revanche, j'aime déconcerter et bousculer le spectateur. Je ne suis pas là pour choquer, déranger ou agresser le public mais je me plais à pousser toujours un peu plus loin le bouchon afin d'optimiser la réflexion et susciter le doute.

Difficile de situer le film dans une époque ou dans un espace ?
François Ozon : Volontairement, je souhaitais que cela ressemble à un conte de fées où il est question d'amour et de résurrection. Par conséquent, je voulais un monde stylisé dans une dimension intemporelle pour que le spectateur manque de repères.

Romain, vous avez hésité à accepter ce rôle un peu casse-gueule ?
Romain Duris : Pas du tout… c'est une riche expérience d'acteur que m'offrait François. J'aime prendre des risques, c'est excitant. J'ai aimé jouer David mais j'ai surtout adoré jouer Virginia. Je voulais aussi jouer dans un film de François.    

Comment avez-vous appréhendé cette double personnalité (David/Virginia) ?
Romain Duris : Au début, j'avais un peu d'appréhension à me transformer, me travestir. Très vite, j'ai adoré cet exercice.  C'était une performance d'acteur que me demandait le réalisateur. C'est une véritable opportunité pour moi de pouvoir endosser le rôle du sexe opposé. C'est à la fois risqué et à la fois très excitant. J'ai pris énormément de plaisir à être Virginia. Il fallait rester juste, ne pas en faire de trop au risque de basculer dans le ridicule. J'ai travaillé avec une danseuse pour tout ce qui concerne la gestuelle néanmoins je n'ai pas eu l'occasion de rencontrer de travestis avant le tournage. Côté maquillage, j'avais 2 heures de préparation, je voulais être elle, être belle…

A l'heure du « Mariage pour tous », votre film véhicule un message sur le bonheur…
François Ozon : Absolument, je ne le savais pas à la première lecture de la nouvelle, il y a 20 ans. Aujourd'hui, il est certain que sa trame fait écho à l'actualité. Je ne suis pas là pour juger les opposants au « Mariage pour tous ». Je souhaite juste en tant que cinéaste, questionner le spectateur sur les variantes de l'amour et de l'épanouissement.     
          


 

 

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