People/Cinema - Par Mathieu Perrichet - posté le 18/01/2017

Rencontre avec Guillaume Canet

Coiffé de la double casquette de comédien-réalisateur pour l’occasion, Guillaume Canet livre avec Rock’n’roll une comédie déjantée à mi chemin entre la fiction et l’autobiographie.

Comment a démarré l’aventure Rock’n’roll ?
En fait, ce qui m’a vraiment fait du bien, c’est qu’après Blood Ties qui m’a foutu un grand coup dans la gueule, qui m’a fait me poser beaucoup de questions sur le fait de continuer à réaliser ou non, j’ai arrêté pendant un an. J’ai vécu avec pas mal d’aigreur la façon dont ce film a été reçu. J’ai donc ressentis le besoin de faire une pause, de prendre quelques distances avec le cinéma et de me concentrer de nouveau sur des choses simples. J’ai notamment recommencé à faire du cheval, ce qui m’a rendu heureux. Puis, peu à peu, j’ai senti l’envie revenir. J’ai retrouvé l’inconscience, l’insouciance… Je vois un peu Rock’n’roll comme un premier film et je voulais vraiment aller au bout du truc, du délire que j’avais en tête. J’ai réalisé cette comédie avec sérénité, en me disant que je voulais m’amuser et prendre du plaisir avant tout. J’ai beaucoup donné de moi dans ma vie professionnelle. J’ai tourné dans 45 films et en ai réalisé 5. En véritable boulimique de travail, je me suis rendu mal et aujourd’hui, je veux faire les choses différemment.

Pourquoi avoir eu envie de parler de vous ?
Dans notre vie de tous les jours, avec Marion (ndlr : Cotillard) on entend ou lit sans arrêt des trucs sur nous. Un des derniers, c’est que Brad Pitt dormait chez moi… Les gens aiment parler, s’imaginer tout et n’importe quoi. Il y a même quelqu’un qui a essayé de rentrer carrément chez nous. Aujourd’hui, je suis arrivé à un stade où je m’en fous et ce film, c’est une réponse aux paparazzis, aux rumeurs, aux qu’en dira t-on…, car pour le coup je fais moi-même rentrer les spectateurs dans mon intimité.

Pour autant, vous partez d’un postulat personnel pour évoquer des sujets de société également…
Exactement. Jouer sur le vrai et le faux m’amusait car cela fait partie de notre quotidien à Marion et moi. Les gens ont des fantasmes sur notre vie et ils sont surpris de découvrir que l’on vit comme tout le monde, que Marion cuisine, que l’on ne mange pas au resto tous les jours, que je peux être chez moi en calbutte à boire une bière…
Mais le film n’est pas non plus que sur le cinéma. On fantasme tous sur les gens que l’on croise. On s’imagine des choses, on se fait des idées sur leur vie, qui ils sont… Le message de ce film pourrait donc être : allez plus loin que ce que l’on vous raconte. D’autre part, cela parle également de la crise de la quarantaine car la question de l’âge chez les comédiens peut être dure à accepter. Cela peut être blessant. Mais il s’agit aussi d’une épreuve partagée par beaucoup de monde. Enfin, il dresse le portrait d’une société qui se regarde, qui est dans le culte du corps, du beau, du jeune, du sain. Une société qui culpabilise celui qui ne fait pas de sport, celui qui fume… Il y a une volonté d’insérer à tout prix les gens dans la norme.

Marion Cotillard, Gilles Lellouche, Philippe Lefebvre, Johnny Hallyday… Une fois de plus, vous vous êtes entourés d’une jolie bande…
Oui, car je voulais qu’il y ait tout mon entourage dans le film. A part mon fils car on ne voulait pas qu’il apparaisse à l’écran. Même Alain Attal, mon producteur, qui était angoissé à l’idée de jouer a fini par accepter lorsqu’il a su que son frère Yvan serait à ses côtés. Car par contre, lui me tannait pour avoir un rôle dans le film.

Et donc, dans la vie, êtes vous rock’n’roll ?
Dans le film, il y a une grosse base de vrai, même si on a beaucoup forcé le trait, et en effet je ne suis pas foncièrement quelqu’un que l’on peut qualifier de rock dans la vie de tous les jours. Je préfère me coucher et me lever tôt pour pouvoir aller surfer plutôt que de sortir boire des coups par exemple. Par contre, cette comédie fait partie de mon côté rock, de ma liberté car je n’accepte pas la contrainte, ni l’autorité.

Ce film vous a donc réconcilié avec le cinéma ?
On a fait ce film avec tellement de plaisir, de légèreté, d’insouciance que ça a été génial. On a vraiment été dans la dérision, on s’est amusé à l’écrire. Donc à part le côté réal-acteur qui est fatigant, cela n’a été que du plaisir et j’espère que cela se voit à l’écran.

Propos recueillis par Mathieu Perrichet

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