Le nouveau long métrage de la réalisatrice Hélène Angel met en scène Sara Forestier dans le rôle d’une instit se donnant corps et âme à son métier, et dont la rencontre avec Mathieu, incarné par Vincent Elbaz, va la faire évoluer.
Quelle est la genèse de Primaire ?
Hélène Angel : Tout d’abord, on ne s’est jamais dit avec les scénaristes que l’on allait faire un film sur l’école. En fait, il y avait plusieurs envies au départ mais je suis partie avant tout d’émotions. Celles de mes souvenirs d’enfant et celles que j’ai ressenties étant adulte lorsque mon fils a quitté son école en fin de CM2. Alors que je pleurais en me disant que c’était la fin de l’enfance, lui était tout content de ce qui l’attendait. Je me suis rendue compte que l’école marque nos vies d’enfant et de parents avec des étapes particulières comme cette dernière classe de primaire. Ce sont donc ces émotions qui m’ont guidé en premier lieu et mener à faire ce film. C’est un film sur l’enfance, sur la vie.
On pense souvent que tourner avec des enfants est un défi, comment cela s’est passé pour vous ?
Hélène Angel : Je ne trouve pas que ce soit difficile de travailler avec des enfants. S’ils sont bien choisis et que l’on crée le bon cadre. L’essentiel est qu’il prenne du plaisir dans le travail. C’est un peu fatigant certes, mais pas compliqué. C’est même agréable.
Sara Forestier : En plus, le casting a vraiment été très bien fait. On dirait vraiment une vraie classe. Une alchimie s’est créée entre les enfants et chacun a trouvé sa place naturellement.
Hélène Angel : Puis pour qu’ils apprennent à se connaître, nous leur avons fait répéter le spectacle de fin d’année que l’on voit à la fin du film avant le tournage. Cela leur a permis de se désinhiber et d’être plus à l’aise, plus naturels, par la suite lors des prises de vue.
Le film est très réaliste, était-ce un choix ?
Hélène Angel : J’ai passé deux ans dans différentes classes afin de m’imprégner et de comprendre au mieux le métier d’enseignant. C’était important pour moi de rendre compte de cela, de coller au mieux à la réalité des choses. Il s’agit d’un film de divertissement mais je voulais également faire passer des infos délicatement, par petites touches, sur le milieu scolaire notamment et donc il était nécessaire d’être précis et crédible.
Comment avez-vous composé votre casting ?
Hélène Angel : Les enfants ont été sélectionnés par castings et il s’agissait pour chacun de leur première expérience cinématographique. Pour Sara Forestier, cela a été un coup de foudre. Ce que j’aime c’est sa puissance et sa fragilité à la fois, sa spontanéité, sa passion. Elle n’est pas lisse. Elle est comme un animal sauvage. Elle fait vibrer ses personnages. Concernant Vincent Elbaz, c’est une idée de la directrice de casting à la base et j’ai trouvé que c’était un choix formidable.
Vincent Elbaz : Moi, j’ai été rayé du cinéma d’auteur après beaucoup de comédies populaires et là, peu à peu, je remonte la pente.
Hélène Angel : Vincent a raison mais moi j’adore les mélanges. Je trouve super d’avoir Sara Forestier, abonnée aux films d’auteur, et Vincent Elbaz, qui est peut être plus proche du théâtre de boulevard, ensemble. Là, j’ai eu droit à deux animaux qui se sont rencontrés et ça a été électrique. Dans le bon sens du terme.
Sara Forestier : Sans mentir, Vincent est le partenaire masculin avec qui j’ai eu le plus de plaisir à jouer.
Du coup, Vincent Elbaz, qu’est ce qui vous a donné envie de participer à ce film ?
Vincent Elbaz : J’ai été ému par cette histoire, son authenticité, son souffle, son énergie. Pour moi, le rôle de Mathieu est un grand petit rôle et un comédien sait reconnaître ce genre de choses. Tout de suite, j’ai su où je voulais l’emmener. En quelques scènes, c’est un personnage qui passe à travers des émotions très variées et c’est chouette pour un acteur. Puis, j’ai adoré les rencontres avec Héloïse et Sara. En fait, c’est vraiment un ensemble.
Et vous Sara Forestier ?
Sara Forestier : En lisant le scénario, j’ai eu une envie folle d’incarner le personnage de Florence qui est un personnage singulier, passionné et qui était déjà très bien défini. C’est une femme qui va se rendre compte au fur et à mesure qu’elle n’est pas épanouie dans sa vie. Lorsque l’on met tout dans sa passion, dans sont travail, c’est souvent pour fuir la réalité. Pour incarner ce rôle, je suis partie de sa frustration sexuelle. Car elle s’est tellement plongée dans son travail qu’elle a oublié qu’elle était également une femme.
Hélène Angel : Mais Florence est une femme qui est tombée et qui se relève.
Sara Forestier : Et cela m’intéressait. D’autre part, si je n’avais pas été comédienne, le seul métier que je me serais vu faire est instit car j’ai un vrai besoin de transmission en moi. Finalement, j’ai opté pour le cinéma qui me permet de transmettre de manière plus abstraite mais à davantage de monde.
Pourquoi le film se passe t-il à Grenoble ?
Hélène Angel : Grenoble est un véritable choix car je ne voulais pas d’un truc avec des embouteillages parisiens. Lorsque Florence fini enfin par sortir de l’école, je voulais qu’il y ait un rapport avec la nature, qu’il y ait un sentiment de liberté, d’espace. Quelque chose de primaire et cette ville, avec ces montagnes, apportait ce décalage avec l’école dans laquelle elle est en permanence.
Propos recueillis par Mathieu Perrichet
Florence est une professeure des écoles dévouée à ses élèves. Quand elle rencontre le petit Sacha, un enfant en difficulté, elle va tout faire pour le sauver…