People/Cinema - Par Mathieu Perrichet - posté le 28/10/2014

Rencontre avec l'équipe du film Eden

Pour son quatrième long métrage, la jeune réalisatrice Mia Hansen-Love s’est inspirée de l’histoire de son grand frère, lui-même DJ, afin de réaliser une fresque sur vingt ans, relatant les débuts de la musique électro en France. Un film générationnel revenant sur un mouvement connu de tous : la French Touch.

Comment vous est venue l’envie de traiter d’un tel sujet ?
Mia Hansen-Love : Après Mai de Olivier Assayas a été un élément déclencheur de ce projet. Il y parle de sa jeunesse et à travers elle de l’histoire de sa génération. Je l’ai vu au moment où je pensais justement faire un film sur l’histoire de mon frère, son parcours de DJ, l’émergence de l’électro en France, l’explosion de la French Touch et ses désillusions... Cela a donc redoublé mon envie de réaliser ce long métrage sur ma génération, celle des années 90-2000, comme une réponse à Oliver Assayas.

Pour autant, peut-on parler de film historique ?
Mia Hansen-Love : Il ne s’agit pas d’un film historique au sens propre du terme car il n’est pas question d’une époque coupée de la nôtre au sens pittoresque, avec des costumes… Je voulais avant tout faire un film montrant l’énergie et les aspirations de la jeunesse des années 90-2000. De la même façon, je ne souhaitais pas faire un film sur les boîtes de nuit mais sur l’humain, la vie, un destin, le temps qui passe… Cela dit, nous avons été très exigeants concernant la musique, les fêtes, l’ambiance, l’aspect documentaire.
Sven Love : Nous nous sommes pas mal documentés, il y a eu un véritable travail en profondeur avec les accessoiristes. On vise évidemment l’authenticité dans la mesure du possible et Mia est très scrupuleuse sur ces questions.

A propos de « temps qui passe », vous suivez le parcours de Paul, le personnage principal inspiré de Sven, sur 20 ans et pourtant celui-ci ne semble pas vieillir. Comment l’expliquez-vous ?
Sven Love : Moi même, à 41 ans, je ne fais pas vieux du tout… Plus sérieusement, c’est un personnage qui ne veut pas vieillir. Il a un côté Peter Pan et le fait qu’il ne vieillisse physiquement pas à l’écran, qu’il reste le même, reflète bien son état d’esprit. Alors qu’autour de lui les autres avancent, lui reste bloqué.

Fallait-il que le comédien incarnant Paul soit proche de cet univers de la nuit ?
Mia Hansen-Love : Non. J’ai avant tout cherché des comédiens qui étaient les plus à même d’incarner les rôles et de former une bande. Je ne cherchais pas de vedettes. Le fait d’aimer ou non la musique électro, d’être familier de ce monde n’était pas un critère déterminant. Après, le hasard a fait que Félix n’est pas étranger à cet environnement…
Félix de Givry : J’ai un label de musique - ndlr : qui produit notamment Jabberwocky présent sur la bande originale - et un collectif d’organisateurs de soirées. J’écoute beaucoup d’électro, j’avais donc un bagage assez important concernant ce style musical et cette période.

Beaucoup pense qu’il s’agit d’un film sur les Daft Punk. Que leur répondez-vous ?
Mia Hansen Love : C’est vrai que certaines bandes annonces ont pu induire en erreur un certain nombre de gens. Mais il ne s’agit en aucun cas d’un film « biopic » sur les Daft Punk. Même si leur parcours marque le film en pointillé de leurs débuts à leur triomphe.
Sven Love : On a d’ailleurs travaillé en collaboration avec eux. Sans eux, le film n’aurait pas pu voir le jour.

Que désigne pour vous le terme French Touch ?
Sven Love : La French Touch correspond à un moment où il s’est passé quelque chose avec la musique indé en France. Ce sont les médias qui ont baptisé ce mouvement ainsi. Mais ce n’est pas anodin car c’est un moment où la musique made in France s’est mise à passer les frontières. Le monde entier s’y est intéressé.

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