People/Cinema - Par Mathieu Perrichet - posté le 01/12/2016

Rencontre avec Marie-Philomène Nga, Delphine Théodore et Lucien Jean-Baptiste

Lucien Jean-Baptiste se glisse une nouvelle fois dans le costume du réalisateur-comédien à l’occasion du film Il a déjà tes yeux. Une comédie moderne et efficace sur le racisme avec, notamment à l’affiche, Delphine Théodore et Marie-Philomène Nga.

Quelle est la genèse de cette nouvelle comédie ?
Lucien Jean-Baptiste : En fait, on m’a tout simplement appelé, moi le spécialiste des noirs et des relations raciales dans le cinéma français, pour me demander de mettre en scène ce scénario écrit il y a une dizaine d’années et racontant l’histoire d’un couple de noirs à qui l’on propose d’adopter un enfant blanc. Après l’avoir lu, j’ai fait savoir que le projet m’intéressait et que j’avais effectivement un point de vue là-dessus. Du coup, j’ai réécrit l’histoire à ma sauce. Ce qui me plaisait, c’est l’idée de transmission, l’adoption, comment on aborde la différence. Moi mon crédo c’est que la différence ne doit pas créer l’inégalité des chances. C’est le message que j’essaie de faire passer. Le point de départ d’un couple de noirs adoptant un petit blanc est finalement juste un déclencheur pour parler du racisme et des préjugés. L’adoption c’est apprendre à aimer l’autre même s’il est différent.

Une fois de plus, vous vous retrouvez devant et derrière la caméra…
Lucien Jean-Baptiste : Oui et d’ailleurs le côté schizophrénique devant/derrière la caméra ne me branchait pas trop à la base. Ca m’embêtait. Malheureusement, Omar Sy était trop cher et Will Smith ne parlait pas français. Du coup, doucement, je me suis fait à l’idée que je jouerai le rôle de Paul. Ce qui n’est pas désagréable lorsque l’on joue le mari de Aïssa Maïga qui est l’une des meilleures actrices françaises. Même si malheureusement, on ne la voit pas assez au cinéma.

Marie-Philomène Nga, pourquoi avez-vous accepté de jouer dans ce film ?
Marie-Philomène Nga : Déjà, pour être honnête, on ne me propose pas des rôles au cinéma tous les jours. Puis j’ai aimé le fait qu’il s’agisse d’une histoire d’amour. Au delà des différences, nous sommes finalement tous pareils. Voilà le message du film et ça me plaisait évidemment.

Et vous Delphine Théodore ?
Delphine Théodore : Pour ma part, j’avais déjà joué avec et sous la direction de Lucien Jean-Baptiste dans son film précédent Dieumerci !. Et cela me plaisait de rééditer l’expérience. Ce que j’aime avec le personnage de Prune, c’est qu’elle incarne la célibataire qui travaille beaucoup au détriment de sa vie privée. Du coup, l’horloge biologique se fait ressentir. La situation dans laquelle elle se trouve est de plus en plus répandue de nos jours. De nombreuses femmes sont confrontées à ce dilemme entre vie professionnelle et vie privée. Je trouvais donc intéressant d’interpréter ce personnage.

Une des particularités de votre cinéma, c’est que vous accordez toujours beaucoup d’importance à vos seconds rôles. Pourquoi ?
Lucien Jean-Baptiste : Moi, au départ, je suis comédien donc ce qui me plait, ce sont les acteurs. Du coup, même les petits rôles m’importent. Je trouve ça important de vraiment les travailler. L’inverse ne me viendrait même pas à l’esprit.
Delphine Théodore : Lucien Jean-Baptiste travaille en effet vraiment les seconds rôles et c’est agréable. On ne se sent pas relégué, on a vraiment le sentiment de faire partie du film. De plus, en ne négligeant pas les plus petits rôles, cela permet de donner davantage de profondeur à l’histoire.
Marie-Philomène Nga : Sincèrement, pour un acteur, c’est magnifique de travailler avec un comédien qui dirige. Il y a une meilleure compréhension. C’est plus simple.

Votre film a l’intelligence de ne pas traiter le racisme de manière binaire, de faire preuve de nuance…
Lucien Jean-Baptiste : Ca aurait été violent que ce soit les gentils noirs contre les méchants blancs. Je ne voulais pas d’un truc manichéen comme ça, qui ne reflète en rien la réalité. Ici, on a à faire à un film à tiroirs. Chaque personnage fait partie d’un tout et représente une thèse, un regard sur le racisme, la diversité. Cela permet justement d’éviter les clichés. Mais plus que du racisme, il est question de la peur de la différence et de l’inconnu dans le film.

Quels sont vos modèles dans la comédie française actuelle ?
Lucien Jean-Baptiste : J’adore vraiment Nakache et Toledano. J’aime beaucoup ce qu’ils font. J’admire également François Ozon. En revanche pour ce film, je dirais que je me suis davantage inspiré des comédies italiennes des années 70 ou du cinéma anglais des années 80 qui réussissaient à faire rire tout en parlant de sujets sérieux voire graves. Dans cette même optique, Little miss Sunshine a aussi été un exemple.

Quels sont vos projets respectifs ?
Delphine Théodore : Je viens de tourner pour France 2 dans la série Caïn dans laquelle je joue une flic stagiaire. Et j’ai aussi un autre film en projet.
Marie-Philomène Nga : Je joue dans pas mal de courts-métrages car j’aime le fait de soutenir les jeunes. Puis, j’ai des trucs pour le cinéma et la télé en prévision mais surtout en Afrique. Et j’écris aussi…
Lucien Jean-Baptiste : Me reposer !

Propos recueillis par Mathieu Perrichet

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