De la comédie populaire au thriller, il n’y a qu’un pas. C’est en tout cas ce que démontre Matthieu Delaporte qui, après le succès du Prénom, dévoile un drame captivant porté par un Mathieu Kassovitz époustouflant.
Quel est le point de départ de ce film ?
L’idée originale est née d’une réflexion assez personnelle et intime sur l’identité et la solitude traitée de façon romanesque et dans la fiction. Nous vivons dans une société hyper connectée mais aussi très individualiste et solitaire. Avec tous les réseaux sociaux qui existent, nous nous construisons des identités de façade et nous sommes confrontés à celles-ci face aux autres. Je pense que chacun joue plusieurs rôles dans sa vie de tous les jours à différents degrés. Il est de plus en plus difficile de distinguer ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas.
Comment passe t-on de la comédie Le Prénom à un thriller ?
En fait le projet d’Un illustre inconnu existait avant. Mais c’est grâce au succès de la pièce et du film Le Prénom que nous avons pu mettre en place ce nouveau projet. Cela a facilité le processus c’est évident et nous a offert plus de liberté. Et puis, nous avions envie d’explorer un nouvel univers. Ce sont deux films très différents mais ce sont les mêmes équipes qui ont travaillé dessus.
Pouvez-vous nous parler du personnage de Sébastien Nicolas ?
C’est un homme mystérieux qui souffre d’un trouble identitaire : la dépersonnalisation. Il a le sentiment de ne pas exister et pour se sentir vivant, il usurpe l’identité de gens qu’il croise. Non pas pour tromper l’autre, mais pour lui-même. Il s’agit d’une quête personnelle. En s’appropriant la vie d’autres personnes, il cherche à s’accomplir.
Comment vous êtes-vous renseigné sur ce genre de trouble ?
J’ai lu pas mal de bouquins de psychologie, de sociologie et j’ai été voir des blogs sur Internet à propos de gens concernés par les troubles identitaires.
Pourquoi avoir choisi Mathieu Kassovitz pour incarner Sébastien Nicolas ?
Il fallait un acteur capable de porter le film. Lorsque l’on s’est rencontré avec Mathieu Kassovitz, il y a eu une certaine forme d’évidence mais j’avais peur qu’il refuse en raison du sujet sachant qu’il avait déjà joué un rôle de ce type dans Un héros très discret de Jacques Audiard. Finalement, il a accepté et l’on s’est très bien entendu. C’est un comédien génial, extraordinaire, éblouissant. Lorsque tu poses la caméra sur lui, il se passe quelque chose. Il a une vraie fragilité intérieure. C’est un acteur qui est dans son truc, qui rentre dans le personnage. C’est une machine à sincérité.
Sébastien Nicolas a toujours rêvé d’être quelqu’un d’autre. Alors il copie. Il observe, suit puis imite les gens qu’il rencontre.