People/Cinema - Par Matthieu Chauveau - posté le 18/09/2015

Rencontre avec Pascal Plisson

Trois ans après Sur le chemin de l’école, le réalisateur-baroudeur Pascal Plisson est de retour avec Le grand jour. Ce documentaire nous donne à voir conjointement, en Inde, en Mongolie, à Cuba et en Ouganda, quatre enfants prêts à réaliser leur rêve via une épreuve déterminante.

Comment vous est venue l’idée de ce film sur des enfants jouant leur avenir sur une journée décisive ?
Après le succès de Sur le chemin de l’école, on m’a longtemps proposé d’en réaliser une suite, mais ça me semblait compliqué. Je me suis alors souvenu d’une rencontre que j’ai faite il y a une dizaine d’années dans un train en Russie. Je faisais un repérage en Sibérie, et j’ai croisé un gamin de 12-13 ans, tout seul dans son compartiment. Il avait un violon sur les genoux et une partition. Je lui ai demandé ce qu’il faisait là. Il m’a dit que son village s’était cotisé pour lui payer un voyage à Saint-Pétersbourg pour qu’il passe une audition. Je lui ai demandé le nom de l’école de musique où avait lieu l’audition et, une fois en France, j’ai contacté l’école. J’ai appris que le gamin avait réussi l’épreuve, et que celle-ci avait changé sa vie ! C’était devenu le héros du village.

Comment avez-vous sélectionné les quatre enfants ?
L’éventail était très large... Des gamins qui ont des passions, il y en a partout. Avec la productrice, on a souhaité varier les thématiques : aborder le sport, le cirque, les sciences, et la nature. On voulait aussi raconter de belles histoires, avec des enjeux très forts. À partir de là, on a fait des enquêtes, qui ont duré 6 à 7 mois. Comme cela fait longtemps que je réalise des documentaires, j’ai maintenant des relais un peu partout dans le monde. Je suis allé 3 à 4 fois dans chaque pays avant de choisir les personnages. Le boxeur, Albert, je l’ai choisi parce qu’il avait une vraie gueule, et parce que c’est un très grand boxeur. Concernant la petite fille contorsionniste, en Mongolie, j’en avais vu des meilleures, mais j’ai préféré prendre celle-ci qui était un peu plus fragile, et qui avait une bouille incroyable, et une motivation de dingue.

Cuba, la Mongolie, l’Inde, l’Ouganda… Vous n’avez pas été tenté de filmer aussi en Europe ?
On y a pensé, mais c’était plus compliqué. Ce qui est intéressant avec ces pays, c’est qu’en général, pour ces gamins très pauvres, c’est un peu la one chance. Si Albert ne gagne pas son combat, il ne rentrera pas à l’académie des sports. Il n’aura pas de deuxième chance... La jeune fille en Inde, qui passe le concours de mathématiques appelé « Super 30 », elle ne pourra le faire qu’une fois. Chez nous, on peut souvent trouver une solution si l’on échoue, en faisant une autre école, ou en trouvant un moyen détourné. Dans ces pays, c’est différent. Concernant Tom, l’Ougandais qui suit des cours pour travailler dans un parc naturel, ce sont ses sœurs qui se saignent pour les lui payer...

Vous auriez pu insister sur l’environnement difficile de ces enfants. Votre film se caractérise au contraire par sa beauté formelle…
Oui, je suis chef op’, donc j’aime l’image (sourire). C’était aussi une volonté : chercher à montrer la beauté des lieux, comme cette scène où Robert s’entraîne sur un toit et qu’on voit la ville en arrière-plan. Ceci dit, les lieux où habitent les enfants sont souvent très modestes. On place donc la caméra sans chercher à montrer la misère. On n’est pas du tout dans une approche misérabiliste.

Matthieu Chauveau

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Sortie : 23/09/2015

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