A l’occasion de son deuxième long-métrage "Gaz de France", le réalisateur Benoît Forgeard propose un film sur les coulisses de la communication politique dans lequel Philippe Katherine incarne le Président de la République. Forcément absurde.
Comment le scénario de ce film a germé ?
Benoît Forgeard : En fait, je dois confesser un goût certain pour le théâtre politique. Puis, j’avais lu un bouquin intitulé Storytelling où j’avais notamment appris que des gens chargés de s’occuper de la communicaton de Barack Obama durant sa campagne de 2008 avait directement été recrutés à Hollywood… Cela m’avait interpellé.
Votre film se veut-il donc une critique de la politique d’aujourd’hui ?
Benoît Forgeard : Dire que les politiques sont impuissants de nos jours et sont tenus par la communication, tout le monde le sait et c’est à chacun de se faire son propre avis. Ce n’est donc pas tellement mon propos, mais le point de départ. Le film n’est pas là pour dénoncer le storytelling. Tout le monde s’accorde à dire que ce système peut poser un problème. Pas la peine d’enfoncer une porte ouverte. Je voulais plutôt montrer que finalement ce récit politique, on l’apprécie tous plus ou moins. La France est un pays d’histoires. Il y a un côté poétique là dedans. Je me situe entre la comédie et le conte.
Vous avez essentiellement tourné en studio ?
Benoît Forgeard : Oui tout s’est fait en studio durant quatre mois. J’aimais l’idée de laisser de la place à l’imagination. Le fait de tourner uniquement en studio avait ce pouvoir. Si l’on avait voulu le faire à l’Elysée, on aurait montré un décor connu, trop réaliste, qui aurait empêché de se projeter dans un univers plus fantastique, surréaliste mythologique voire métaphysique comme je le souhaitais.
Pourquoi avoir pensé à Philippe Katherine pour incarner le Président ?
Benoît Forgeard : Je n’ai pas écrit le film en pensant à Philippe Katherine mais lorsque l’on s’est ensuite rencontré, on s’est bien entendu. Ce qui est déjà une chose importante. Et, j’avais déjà bien aimé ces rôles atypiques au cinéma. Evidemment, lorsque l’on voit Philippe, on peut légitimement ne pas voir en lui la figure d’un Président de la République mais il a quelque chose en lui qui suscite l’empathie, il a un vrai côté populaire. Il plait à l’enfant comme à la vieille dame.
Philippe Katherine, pourquoi avoir accepté de jouer ce rôle ?
Philippe Katherine : Je suis très fan de ce que fait Benoît Forgeard, de ce qu’il faisait à la télé et je me suis ensuite rué sur Internet pour aller voir ses films. Quand il m’a envoyé le scénario, j’étais déjà tout fou et à sa lecture j’ai été séduit. J’ai tout de suite accepté.
De qui vous êtes-vous inspiré pour construire ce personnage ?
Philippe Katherine : Je me suis évidemment inspiré de François Hollande car il s’agit de la figure présidentielle que l’on voit le plus. C’était donc plus simple. Mais j’ai également fait appel à Benoît Forgeard et à mon père pour construire le personnage de Birdy. Les trois ont un rythme relativement lent que j’ai quelque peu copié.
Quel genre de réalisateur est Benoît Forgeard ?
Philippe Katherine : Les choses se font assez en douceur, de manière détendue mais, étonnamement parfois, tout est toujours tout fait en temps et heure. Tout est très écrit, très précis avec Benoît.
Benoît Forgeard : Ce que j’aime avant tout c’est écrire des dialogues. J’aime quand un texte est bien écrit et bien dit. J’ai l’idée d’une interprétation comme des musiciens avec une partition. Après, il est toujours possible de s’adapter mais il n’y a pas trop d’impros en général avec moi.
Etait-ce une volonté dès le départ de jouer dans votre propre film ?
Benoît Forgeard : J’aime bien jouer quand je peux donc c’était un vrai choix de faire partie du casting. Le rôle de Pithiviers le permettait car il est toujours un peu en retrait par rapport aux autres. C’était donc plus simple et pas trop fatigant.
Quelles sont vos influences cinématographiques ?
Benoît Forgeard : Je n’ai pas vraiment une cinéphilie dans le sens classique du terme. Disons que j’ai deux influences majeures. D’une part, la télé que je regardais abondamment étant petit. Tous les programmes y passent, je peux tout voir. J’aime aussi le cinéma de Jean Yanne ou de Pierre Richard. D’autre part, ayant fréquenté les beaux-arts, l’art contemporain m’inspire beaucoup et en particulier les vidéastes.
Philippe Katherine, pourquoi n’avez-vous pas composé la musique ?
Philippe Katherine : Je n’aime pas trop faire la musique d’un film. D’autant plus si je joue dedans. C’est pour cela que j’ai préféré éviter ici même si cela m’est déjà arrivé.
Savez-vous déjà de quoi parlera votre prochain film ?
Benoît Forgeard : Mon prochain film sera une comédie et aura comme sujet l’intelligence artificielle. Il y sera question d’un jeune couple, dont l’homme fait de la musique, et qui fait l’acquisition d’un frigo intelligent – comme il existe déjà. A force de cohabiter avec ce musicien, le réfrigérateur se met à aimer la musique et à en faire lui même, à tel point qu’il finit par annoncer à ses propriétaires qu’il préfère se consacrer essentiellement à sa nouvelle passion plutôt que de continuer à conserver des aliments…
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