People/Cinema - Par Mathieu Perrichet - posté le 22/08/2016

Rencontre avec Pierre Niney et François Ozon

De retour aux affaires, François Ozon propose avec Frantz un drame touchant post-Première Guerre mondiale dans lequel Pierre Niney tient le premier rôle.

Quelle est la genèse de ce nouveau long métrage ?
François Ozon : En fait, j’ai pris connaissance du texte de Maurice Rostand, duquel est inspiré le film, par un ami. Je l’ai lu et cela m’a beaucoup plu. J’ai ensuite appris qu’une première adaptation avait déjà été réalisée par le réalisateur allemand Ernst Lubitsch en 1932 sous le titre Broken Lullaby.

A quel point êtes-vous resté fidèle au texte original et au premier film ?
François Ozon : J’ai adapté l’histoire assez différemment de la pièce de Rostand. Quant au film de Lubitsch, le début n’est pas le même notamment. Puis, son film ayant été réalisé en 1932, la Seconde Guerre mondiale n’avait pas encore eu lieu. Du coup, il y a chez lui un côté très optimiste, un peu naïf. Il voulait vraiment croire en cette réconciliation franco-allemande et cela se ressent dans son adaptation. Avec le recul dont je bénéficie, le ton de Frantz est différent.

Pourquoi ce prénom Frantz ?
François Ozon : Frantz est un nom allemand mais qui sonne comme la France, c’est pourquoi je l’ai choisi. J’ai voulu construire ce film comme une sorte de miroir entre la partie allemande et la partie française qui se répondent plus ou moins. De nombreuses scènes se font ainsi écho comme celles de l’hymne allemand et de l’hymne français par exemple.

L’essentiel de votre film est tourné en noir et blanc, pourquoi ce choix ?
François Ozon : L’idée du noir et blanc est intervenue au moment des repérages en Allemagne. A la base, ce n’est pas une chose à laquelle nous avions pensé. En fait, la petite ville que l’on a finalement choisie me plaisait car elle était authentique et n’avait pas changé depuis la fin de la Première Guerre mondiale, si ce n’est l’ajout de couleurs sur pas mal de murs. C’est ainsi que j’ai pensé au noir et blanc afin de les camoufler et de coller davantage avec l’époque. Finalement, je trouve que cela va très bien avec cette période de deuil, de souffrances. Et puis, cela va aussi avec la représentation que l’on se fait de l’époque, cela confère plus de réalisme.

Le mensonge est au cœur de votre film…
François Ozon : Ce qui m’intéressait c’était de montrer qu’il y a toujours une part de vérité dans un mensonge. Lorsque l’on ment, on se révèle d’une certaine manière. Un fantasme n’est pas anodin.

Comment avez-vous pensé à Pierre Niney pour incarner le rôle principal ?
François Ozon : Pierre Niney correspond bien par sa carrure, la sensibilité qu’il dégage à l’idée que je me faisais d’un jeune soldat de l’époque.

Pierre Niney, qu’est ce qui vous a séduit dans ce projet ?
Pierre Niney : L’ambigüité qui est au cœur de cette belle histoire m’a plu. D’autant que l’ambigüité est un domaine dans lequel François Ozon excelle. La manière qu’il a de s’y prendre m’a également plu. Il n’hésite pas à réécrire le film au montage. Même après le tournage, le film continue à vivre, à évoluer. Sa manière de diriger est très intuitive et intéressante.

Quels ont été vos plus grands défis lors de ce tournage ?
Pierre Niney : Je ne parlais pas un mot d’allemand donc pendant deux mois avant le tournage, j’ai travaillé avec des enseignants et Paula Beer qui incarne la fiancée de Frantz. Quant au violon, ça a été bien chaud aussi car je ne savais pas du tout en jouer. Il a donc fallu faire avec un archer qui ne produisait qu’une musique légère et ajouter le son par dessus. Pour la petite anecdote, après vingt-cinq prises, les cinq dernières se sont avérées être les meilleures mais elles ont malencontreusement été brûlées.

Comment avez-vous trouvé les autres comédiens allemands ?
François Ozon : La plupart d’entre eux viennent du théâtre et les diriger a été un vrai plaisir. Ils étaient très investis et n’hésitaient pas à proposer des choses.

Pierre Niney : Ce sont vraiment de très bons acteurs. J’invite vivement les gens à s’intéresser à eux.

Comment parvenez-vous à vous renouveler presque chaque année ?
François Ozon : A chaque fois, j’essaie surtout de ne pas me répéter, de ne pas refaire le même film. Il faut qu’il y ait un défi sinon ce n’est pas intéressant. Ensuite, c’est l’histoire qui amène la forme en général.

Propos recueillis par Mathieu Perrichet

 

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