People/Cinema - Par Mathieu Perrichet - posté le 04/01/2016

Rencontre avec Rémi Chayé

Avec Tout en haut du monde, le dessinateur Rémi Chayé livre son premier long métrage d’animation et emmène le spectateur en voyage vers les froides contrées du Pôle Nord.

Tout d’abord quel a été votre parcours jusqu’à ce premier long métrage ?
J’ai commencé par faire une école de dessin à Paris lorsque j’étais jeune. Au départ, je me suis essentiellement concentré sur l’illustration et la bande dessinée . Je suis venu au dessin animé un peu sur le tard et j’ai appris tous les métiers de l’animation de cette manière. J’ai notamment travaillé comme storyboarder ou layout man sur des séries télé… J’ai alors découvert un univers avec une super ambiance. Je suis donc ensuite parti me former en 2003 à l’école d’animation de La Poudrière à Valence pendant deux ans… Puis j’ai réalisé quelques courts métrages et collaborer à certains long métrages comme Pourquoi j’ai pas mangé mon père de Jamel Debbouze.

Comment est née l’idée de Tout en haut du monde ?
A La Poudrière, j’ai rencontré Claire Paoleti qui avait en tête ce scénario. On a alors beaucoup discuté et peu à peu les choses se sont concrétisées. Ce qui m’a plu dans ce projet, c’est déjà ce qui a trait à la Russie puisque c’est un pays qui me passionne. J’adore sa littérature notamment. Les bâteaux et le le côté film d’époque et d’aventure ont fini de me séduire.

Comment vous y êtes vous pris pour réaliser ce premier long métrage ?
J’avais envie d’un cinéma populaire mais exigeant. Le dessin animé n’est pas réservé à la comédie avec des animaux qui parlent. Il s’agit d’un dessin animé qui a été réalisé comme une véritable fiction. Nous avons travaillé uniquement par ordinateur à partir de logiciels, sans passer par le papier.

Comment décririez-vous votre style graphique ?
Au niveau du dessin, j’ai fait le choix de la simplicité. Une simplicité qui, une fois en mouvement, n’est pas gênante. Je ne voulais garder que le minimum et ne pas m’embêter avec les détails pour me concentrer essentiellement sur la justesse de l’émotion. L’autre idée était de ne pas prémâcher le travail, de laisser le soin aux spectateurs de boucher les trous dans un sens, de le rendre actif. C’est aussi à lui de faire travailler son imagination. Notre ambition est avant tout de créer des émotions.

Quels sont vos modèles ?
Niveau influence, comment ne pas citer Miyazaki. C’est LA grande figure qui nous inspire tous. C’est le maître que l’on respecte. Je suis pas mal influencé par l’animation japonaise en général. Jean-François Laguionie (ndlr : réalisateur et scénariste de films d’animation français : L’île de Black Mor, Le Tableau, Louise en hiver…) m’a aussi appris beaucoup de choses. Pour ce film, notre projet de départ était de coller à des histoires à la Jack London et Jules Verne. Nous avions envie de raconter une histoire proche de ce type d’aventures.

Etait-ce une volonté de votre part de proposer un film à la fois pour les enfants et les adultes ?
Notre objectif était de faire un film familial, qui parle aux enfants de manière intelligente comme c’est le cas avec le thème de la mort du grand-père par exemple. A travers cela, l’idée était de parler de la transmission, de quelque chose de positif.

Pourquoi avez-vous choisi Syd Matters pour composer la musique ?
Le choix de Syd Matters pour composer la musique du film s’est fait tout d’abord parce que j’aime beaucoup le travail de ce groupe. Ensuite, notre désir était de jouer sur un contrepied musical en évitant d’utiliser des mélodies russes ou typiques du film d’aventure. Un peu à la manière du film Marie-Antoinette de Sofia Coppola qui a utilisé de la musique contemporaine pour un film d’époque. Puis, l’univers de Syd Matters est assez simple et riche à la fois et donc assez proche de l’univers du film.

Comment trouvez-vous l’animation française de nos jours ?
L’énergie de l’animation française est extraordinaire, presque sans commune mesure. Il y a vraiment de grands talents. Il n’y a pas de comparaison possible au monde hormis avec le Japon. Il y a un véritable savoir-faire à la française qui est malheureusement un peu écrasé par la production américaine mais ailleurs en Europe, l’animation est morte. La France est une exception.

Avez-vous déjà une idée de votre prochain long métrage ?
Pour mon prochain long métrage, je travaille sur l’enfance de Calamity Jane, un personnage beaucoup plus rugueux que Sacha. Il s’agira de l’histoire d’une jeune fille qui découvre la liberté. Je travaillerai avec la même équipe donc graphiquement, cela sera proche de Tout en haut du monde avec l’ambition de valoriser l’expérience acquise.

Mathieu Perrichet

A lire également

Tout en haut du monde
Tout en haut du monde

Sortie : 27/01/2016

Sacha décide de partir vers le Grand Nord, sur la piste de son grand-père pour retrouver le magnifique navire, le Davaï, qui n’est jamais revenu de sa dernière expédition.