The Incident

Asylum Blackout
Genre : Thriller
Sortie le : 04/07/2012 (01H27)
Réalisateur : Alexandre Courtès
Acteurs : Rupert Evans, Kenny Doughty, Joseph Kennedy

George, Max et Ricky font partie d’un groupe de rock et rêvent de gloire. Quand ils ne sont pas en concert, ils travaillent dans les cuisines d’un asile psychiatrique, des malades extrêmement dangereux. Une nuit, alors qu’une tempête fait rage, le système de sécurité tombe en panne. Les portes s’ouvrent et les occupants de l’asile s’échappent de leurs cellules. Les trois musiciens n’ont alors plus qu’un seul objectif : survivre…

Interdit aux moins de 16 ans



Critique

Par Jean-Marc Vigouroux - posté le 28/04/2019

Jailhouse rock

A l’évidence, nul n’est prophète en son pays ! Coproduction franco-belge (d)étonnante, The Incident n’aura pas de date de sortie salle en France, et ce en dépit d’une solide réputation en festivals (notamment deux évanouissements à Toronto !) et de la notoriété de son metteur en scène virtuose. Aux manettes de ce thriller tendu et tenu, Alexandre Courtès franchit allègrement la marche du format clip (U2, Noir Désir, Daft Punk, Phoenix, The White Stripes ou le dernier Sébastien Tellier) au long métrage, sans tomber dans le piège du maniérisme. « C’est le même métier », confie-t-il, « on ne dort pas pendant plusieurs jours, sauf que les acteurs parlent en vrai… » Tourné en anglais mais 100% à Bruxelles, qui se devait de signifier l’état de Washington, fin des 80’s, histoire de corser l’affaire, The Incident narre la sale nuit des trois musiciens d’un groupe de rock qui arrondissent les fins de répèts derrière les fourneaux d’un hôpital psychiatrique de haute sécurité. « Nous avons pu tout construire comme on voulait. Gageure de style, de détails américains sans que ça ne se voit de trop, mais le plus dur a été de caster des Américains en Belgique », raconte Courtès. Un orage violent, une panne générale du système électrique, la rébellion dans l’asile… voilà les ingrédients – simples mais pimentés – du scénario de S. Craig Zahler (d’ordinaire plutôt western), que le cinéaste assaisonner, « sans avoir pu accéder à de véritables pénitenciers psychiatriques, par souci d’éviter le voyeurisme ». Le résultat est plutôt probant. Brut de décoffrage, très attachant en dépit d’une narration qui flirte parfois avec la causalité, The Incident mise sur une réelle empathie pour le personnage George (Rupert Evans), leader du « band » et pris en « affection » par un détenu déviant à souhait (Richard Brake). Reste que les internés manquent de personnification (combien ? pathologies ?) et que le huis clos, faute de temps, n’est pas assez circonscrit (et les conduits ?) pour être parfaitement impliquant. Servi par un bel usage de la vitre (miroir ou interdit) qui sépare sensément la folie de la normalité, The Incident jouit d’une superbe déco, d’une lumière au millimètre (l’essentiel du film se déroulant « hors-jus ») et développe plusieurs moments de bravoure (qu’on taira pour le plaisir du spectateur). Si l’absence de mobile – « ils sont internés et ils veulent sortir » – ne suffit pas à emporter pleinement l’adhésion du spectateur, amputant la résolution au profit d’une chute bancale et insuffisamment payante (boucle scénaristique ? qui est fou ?), on ne peut nier la réussite distractive du projet, qui n’est pas loin de rappeler, par instants, les cadres de John Carpenter. Ce qui n’est pas rien !

Jean-Marc Vigouroux

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Vu au 30ème Festival du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF)
Remerciements : Jonathan Lenaerts et toute l’équipe presse du BIFFF (Roxane, Alexandra, Laura, Elli et Sophie)