Tigers are not Afraid

Vuelven
Genre : Conte de fées macabre
Sortie le : 12/04/2018 (01H23)
Réalisateur : Issa Lopez
Acteurs : Paola Lara, Hanssel Casillas, Ianis Guerrero

Vivant dans un quartier où les cartels kidnappent et assassinent la population à tour de bras, c'est au tour de la mère de la petite Estrella de disparaître sans laisser de traces… Persuadée d’être une princesse possédant trois vœux, Estrella rejoint un gang d'enfants orphelins, "les tigres", et part à la recherche de sa mère... qui lui apparaît régulièrement sous la forme d'un fantôme cadavérique sanguinolent, enroulé dans une bâche plastique.

Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=fTSpyy6xDsw



Critique

Par Jean-Marc Vigouroux - posté le 18/04/2018

Les anges de la réalité

Officiellement dans le top 10 2017 des films préférés de Guillermo Del Toro, Tigers are not afraid, troisième film de la sympathique scénariste et réalisatrice mexicaine Issa Lopez (600 Miles), a en effet plusieurs points communs avec Le Labyrinthe de Pan. Petite perle (1h23 tout compris) de réalisme noir matinée de fantastique, le film dépeint avant tout un portrait glacial et bouleversant du quotidien des orphelins de Mexico City, victimes frontales ou collatérales de la guerre des cartels. Et c’est à hauteur d’enfant qu’Issa Lopez trimballe sa caméra afin de coller aux basques, sans temps morts ni complaisance, de cette microsociété macho livrée à elle-même, dont les bouilles joufflues (quelle performance du casting !), si elles ne veulent pas finir exécutées ou vendues, doivent singer le pire de ces adultes sans foi ni loi (tout débute par le vol tout en fragilité du pistolet d’un trafiquant ivre et de son téléphone portable, qui devient le McGuffin du film). Contrebalancé par une poésie omniprésente et des séquences horrifiques assumées (Estrella voit et communique avec les morts), Tigers are not afraid avance sur un fil tendu entre épouvante, conte de fées et film social quasi documentaire, excellant simultanément dans ces trois registres, pour mener droit le spectateur vers un final organique, cruel et radical... Un film aussi précieux que somptueux.

Jean-Marc Vigouroux

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Corbeau d’Argent et Prix du Public du 36ème Festival du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF)
Remerciements : Jonathan Lenaerts et toute l’équipe presse du BIFFF.