Timecrimes

Los Cronocrimenes
Genre : Fantastique et science-fiction
Sortie le : 17/06/2009 (01H32)
Réalisateur : Nacho Vigalondo
Acteurs : Karra Elejalde

Hector emménage avec Clara dans une maison de campagne. Malgré lui, il remonte le temps d’une heure et se retrouve face à un drôle de puzzle : un homme au visage bandé de rose et armé de ciseaux, une femme nue dans un bois et une bâtisse étrange au milieu de nulle part… autant de pièces qui ressemblent bien à une scène de crime.
Interdit aux moins de 12 ans



Critique

Par Jean-Marc Vigouroux - posté le 03/05/2015

Futur immédiat

Hector et Clara emménagent dans une maison de campagne assez cossue. Pendant une pause sur un transat, entre deux déballages de cartons, Hector croit apercevoir une jeune femme qui se dénude, à l’orée du bosquet voisin. Armé de ses jumelles (et du voyeurisme qui va avec), il décide de s’enfoncer dans les taillis pour en avoir le cœur net, et tombe nez à nez avec le corps nu et sans vie de la demoiselle, avant d’être poursuivi par un agresseur excentrique, à la tête entourée d'un bandeau rose vif, jusque dans un étrange laboratoire perdu dans les bois… Et on n’en dira pas plus, histoire de préserver le suspense et la fraîcheur de cette petite merveille à trois sous, mais au scénario aux multiples tiroirs. Car la première qualité de Los Cronocrimenes, c'est qu'il fleure bon la guérilla cinématographique - ou comment faire du cinéma à tout prix. Découvert à Sundance et primé dans plusieurs festivals de genre, le premier long métrage de Nacho Vigalondo est en outre une preuve supplémentaire de la vitalité contagieuse de la jeune vague du cinéma de genre ibérique. Scénariste, réalisateur, comédien trentenaire (il joue ici le scientifique), par ailleurs déjà nommé à l’Oscar du meilleur court-métrage, en 2005, pour 7:35 de la Mañana, ce Nacho là en rappelle un autre, Nacho Cerda, non dans ses thèmes de prédilection, mais dans cette faculté à vouloir s’imposer coûte que coûte, quitte à enfoncer quelques portes si nécessaires. Conçu comme un huis clos géographique (pour des contraintes de budget qui ne se voient pas à l’écran) aussi bien que psychologique (nous ne quittons jamais le point de vue d’Hector), Los cronocrimenes se poste volontiers en tête de file des ovnis filmiques intelligents, en mêlant voyages dans le temps (façon Primer de Shane Carruth), mathématiques pour les Nuls (façon Pi de Darren Aronofsky) et comédie horrifique burlesque, dont l’aîné Alex de la Iglesia avait ouvert la porte en 1992 avec Action mutante. Pas étonnant donc de retrouver, parmi les quatre personnages du film (cinq fois moins nombreux que dans son court-métrage !), le comique Karra Elejalde, très connu en Espagne et aperçu notamment chez De la Iglesia. Dès lors, à mesure qu’Hector fait ses sauts de puce dans le temps, on prend un réel plaisir à le laisser s’empêtrer dans les désordres qu’il génère, plus ou moins malgré lui, tout en ayant le sentiment flatteur (une fois n’est pas coutume) d’y voir très clair dans ces trajectoires temporelles alambiquées. Promis à une distribution en France en septembre 2008, mais sorti en direct to video un an plus tard, Los Cronocrimenes fait d'ores et déjà l'objet d'un remake américain écrit par Steven Zaillian (La liste de Schindler). Et ce au nom de ce qu'il est : une succulente madeleine à découvrir de toute urgence, et à déguster chaude, tiède, ou froide…