Thomas a 22 ans. Pour sortir de la dépendance, il rejoint une communauté isolée dans la montagne tenue par d’anciens drogués qui se soignent par la prière. Il va y découvrir l’amitié, la règle, le travail, l’amour et la foi…
Bande Annonce : https://www.youtube.com/watch?v=KSz3G9Bc0mk
Chemin de croix
Soyons honnêtes. Sans doute notre légère aversion pour ce qui touche au fait religieux a pesé dans la balance au moment de voir ce film. Puis d’écrire ces quelques lignes au sortir de la salle. Il faut dire qu’en une bonne grosse heure et demie, les chants liturgiques et suppliques en tout genre, que nous avions bien consciencieusement mis au placard depuis toujours (ou presque), sont venus de manière lancinante engourdir un peu plus encore notre esprit déjà quelque peu léthargique. La faute à un lundi matin balayé par une vague de froid anesthésiante. L’à présent bien connue « Moscou-Paris ». Des températures propices, toutefois, à se croire au beau milieu d’un monastère. Le cadre était ainsi posé. Dans ce nouveau long métrage de Cédric Kahn (Vie sauvage, Une vie meilleure, Roberto Succo, etc), Thomas, toxico de 22 ans, intègre une communauté religieuse, isolée dans la montagne, afin de sortir de sa dépendance. Parmi d’autres jeunes comme lui, au contact de « Dieu » - ou plutôt grâce à ses compagnons ? - une métamorphose s’opère peu à peu. La chenille devenant papillon. Remarquablement interprété par une ribambelle de jeunes comédiens, dont on retiendra par dessus tout la prestation d’Anthony Bajon – premier rôle et récent lauréat du meilleur acteur au festival du film de Berlin – ce film laisse un peu pantois. Prenant, par son ambiance pesante, rugueuse, oppressante, par l’intensité du personnage de Thomas, La Prière peut certainement être lu selon différentes lectures. Certains y verront le lent, douloureux, mais lumineux/miraculeux processus de retour à la vie d’un jeune adulte, remis sur le droit chemin, telle une brebis égarée, par l’Eglise. D’autres, pourraient y voir l’embrigadement, l’endoctrinement en bonne et due forme d’individus à la dérive, en manque de reconnaissance, de confiance, de repère. De tout temps, la religion n’est-elle pas allée chercher de pauvres hères, profitant de leurs faiblesses, pour les convertir, sous prétexte de les aider, et en faire ses ouailles les plus dociles. Priez pour nous pauvres pécheurs… Il se peut aussi qu’il ne s’agisse là que d’une histoire d’hommes confrontés à eux mêmes, d’amitié. Le réalisateur semble vouloir laisser une libre interprétation à chacun, selon sa façon de voir les choses. De notre côté, nous admettons avoir accueilli la fin de ce film surprenant un peu comme une bénédiction. D’autant que celle-ci - alerte spoiler - illustre le triomphe de la vie, de la lumière et de la chair. Alléluia.
Mathieu Perrichet