Un millionnaire excentrique, Liu Xuan, achète le sanctuaire de dauphins du Golfe vert et entreprend de le bombarder d’ondes sonar pour en éliminer toute vie aquatique. Les sirènes et tritons qui y vivent en paix depuis des années se voient soudain menacés d’une lente et douloureuse extinction. Une somptueuse sirène, se faisant passer pour une femme, est chargée d’assassiner Liu Xuan.
Sushi Chow
Programmé en bonne place à l’Absurde Festival (ASNIFFF) de l’ami Jean-Maurice Bigeard au Katorza de Nantes en octobre dernier, The Mermaid marque le retour en grâce de Stephen Chow, le délicieux réalisateur (et comédien) de Shaolin Soccer et Crazy Kung-Fu. Adepte de la comédie déjantée, Chow se concentre ici sur la mise en scène et revisite Andersen façon WTF, entreprise aussi drôle que rentable, puisque le film est devenu en 2016 le plus gros succès du box-office chinois avec plus de 340 millions de dollars de recettes pour 60 millions dépensés. Pamphlet écologique frontal et sans demi-mesure, The Mermaid s’ouvre sur des stock-shots de massacres de dauphins pour rapidement détourner l’attention en javellisant son récit cartoonesque à l’huile de blagues potaches, et mieux y revenir ensuite : cette sympathique (quoique) communauté secrète de sirènes et sirèneaux, engagée dans un assassinat qui vire au fiasco à cause de la bluette qui se noue entre la sirène assassine (adorable Yun Lin) et l’exubérant promoteur, subiront une heure plus tard les mêmes exactions que lesdits dauphins de la réalité. Entre les deux, Chow enchaîne les caméos (Tsui Hark en personne), les scènes burlesques (du faux musée des créatures fantastiques du début à un homme-poulpe, déguisé en chef, forcé de cuisiner ses propres tentacules pour en faire des sashimis) ou de comédie pure (le portrait-robot de la sirène par deux flics incrédules), avec la régularité du métronome. Si tous les gags ne font pas mouche, décalage culturel oblige, Stephen Chow soigne aussi la forme, servant une esthétique riche et chatoyante (Choi Sung Fai, le chef-op de Tsui Hark à la manœuvre) qui laisse supposer que ses effets numériques, parfois grossiers, sont validés sciemment. Un film, au final, aussi atypique qu’attachant.
Jean-Marc Vigouroux
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Corbeau d’Argent du 35ème Festival du Film Fantastique de Bruxelles (BIFFF)
Remerciements : Jonathan Lenaerts et toute l’équipe presse du BIFFF.
Sing, un prétendu gangster, doit surmonter son incapacité à manier le sabre ...