Apnée

Genre : Comédie
Sortie le : 19/10/2016 (01H29)
Réalisateur : Jean-Christophe Meurisse
Acteurs : Céline Fuhrer, Thomas Scimeca, Maxine Tual…

Céline, Thomas et Maxence marchent toujours par trois. Comme la trilogie de la devise républicaine. Ils veulent se marier, une maison, un travail, des enfants sages et manger tous les jours des huîtres. Insoumis et inadaptés à une furieuse réalité économique et administrative, ils chevauchent leurs quads de feu et traversent une France accablée, en quête de nouveaux repères, de déserts jonchés de bipèdes et d’instants de bonheur éphémère.
Bande annoncehttp://www.shellac-altern.org/films/424



Critique

Par Mathieu Perrichet - posté le 17/10/2016

Les chiens fous

Jean-Christophe Meurisse et sa troupe de théâtre les Chiens de Navarre déboulent pour la première fois dans les salles obscures et n’ont pas fait les choses à moitié. Ces cabots-là sortent complètement des sentiers battus et n’empruntent même pas les chemins de traverse. Non, eux tracent leur propre sillon et proposent une œuvre cinématographique complètement dingue et non académique. Forcément imaginée par des cerveaux salement atteints se dit-on. Ainsi, Apnée met en scène un trouple - une femme et deux hommes -, des doux dingues idéalistes, gentiment marginaux, dans une série de scénettes toujours plus barrées composant une sorte de road trip sous LSD. A travers des rencontres et des situations toutes plus saugrenues et décalées, et sous des allures de grand n’importe quoi, cette joyeuse bande d’inadaptés naïfs interroge en fait intelligemment notre monde très codifié et la société dans laquelle nous vivons, ses règles, ses lois et ses institutions. Ils évoquent pêle-mêle le mariage, le travail, le logement, le sexe, l’amour, l’enfance, la famille, l’argent, l’éducation, le sacré, le beau, le corps… Par l’anticonformisme, la folie douce, l’humour et la légèreté ils incitent le public à s’interroger sur ce qu’est la normalité, sur notre rapport à l’autre et à notre environnement. Sorte de film expérimental qui ne recule devant aucune audace, cette œuvre a le mérite de proposer quelque chose de vraiment original et différent. Quitte à déranger à certains moments tant les protagonistes partent loin dans leur délire de la première à la dernière scène. Néanmoins, il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas rire devant autant de loufoqueries sans gènes et sans censure. En roue libre, les Chiens de Navarre offre finalement une ode délirante à l’absurde, à la liberté et à la différence. Une curiosité surréaliste qui ne fera certainement pas l’unanimité mais qui vaut sans doute plus le coup que de rester à la niche à se regarder en chiens de faïence.  

Mathieu Perrichet


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