L'incroyable histoire du facteur Cheval

Genre : Drame
Sortie le : 16/01/2019 (01H45)
Réalisateur : Nils Tavernier
Acteurs : Jacques Gamblin, Laetitia Casta, Bernard Le Coq…

Fin XIXème, Joseph Ferdinand Cheval, est un simple facteur qui parcourt chaque jour la Drôme, de village en village. Solitaire, il est bouleversé quand il rencontre la femme de sa vie, Philomène. De leur union naît Alice. Pour cette enfant qu’il aime plus que tout, Cheval se jette alors dans un pari fou : lui construire de ses propres mains, un incroyable palais. Jamais épargné par les épreuves de la vie, cet homme ordinaire n’abandonnera pas et consacrera 33 ans à bâtir une œuvre extraordinaire : « Le Palais idéal ».

Bande Annoncehttps://www.youtube.com/watch?v=v8h4kI7gWxI



Critique

Par Mathieu Perrichet - posté le 17/12/2018

A petit trot

Le cinéaste Nils Tavernier, qui opère autant du côté de la fiction (De toute nos forcesAurore, etc) que de celui du documentaire (Le Mystère des JumeauxL’Odyssée de la vieTout près des étoiles, etc), propose avec L’Incroyable histoire du Facteur Cheval le premier biopic de sa filmographie. Dans ce long métrage, il revient sur le projet fou, mais authentique, d’un homme qui, au XIXe siècle, décidât un jour de bâtir pour sa fille un somptueux palais au beau milieu de la Drôme. Une entreprise démesurée à laquelle il consacra 33 années de son existence. C’est sur l’édification de l’œuvre d’une vie, peaufinée dans les moindres détails, que s’attarde donc le réalisateur, en montrant l’obstination, l’inlassable persévérance de Ferdinand Cheval, facteur mutique de son village. Car, le personnage est aussi ordinaire que singulier. Solitaire, taciturne, passif, il semble en marge du monde, dépassé ou désintéressé par ce qui l’entoure. Jusqu’à sa rencontre avec Philomène - interprétée par une Laetitia Casta convaincante - et la naissance de sa fille, Alice, pour laquelle il tombe en pamoison et qui, soudain, offre un but à sa vie. Pour camper cet homme, empreint de poésie, à la fois doux dingue, rêveur et philosophe, Jacques Gamblin était à coup sûr le choix idéal, tant ce dernier livre une prestation magistrale. Comme d’habitude est-on tenté de dire. Tout le long du film, le comédien semble profondément habité par celui qu’il incarne. Comme celui-ci est habité par son dessein pharaonique, aussi farfelu qu’extraordinaire et grandiose. Face à cette jolie histoire sobrement et esthétiquement mise en scène par Tavernier fils, nous nous sommes retrouvés un peu à cheval entre deux positions. Séduit par cette sorte de conte tendrement naïf, tristement touchant, émaillé d’onirisme, de fantaisie, de folie magnifique, de tendresse ; et légèrement ennuyé par quelques longueurs et un certain manque de relief dans l’ensemble. A l’inverse des paysages de la Drôme, dont le cinéaste dévoile régulièrement à l’écran les majestueux contours, les couleurs, les lumières, propices à la contemplation. Finalement, outre ce bémol, ce drame sur un homme différent, loin d’avoir été épargné par les épreuves de la vie - qu’il aura sublimée par la construction d’un monument fabuleux, hors norme, pour que son Alice puisse avoir son pays des merveilles - offre tout de même un joli moment de cinéma, teinté d’émotions, un portrait plein d’humanité, et nous en apprend davantage sur un ouvrage du patrimoine français non des plus connus. De quoi se mettre en selle...                      

Mathieu Perrichet


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