Mariana (Los Perros)

Genre : Drame
Sortie le : 13/12/2017 (01H34)
Réalisateur : Marcela Said
Acteurs : Antonia Zegers, Alfredo Castro, Rafael Spregelburd…

Mariana, une quadragénaire issue de la haute bourgeoisie chilienne s’efforce d’échapper au rôle que son père, puis son mari, ont toujours défini pour elle. Elle éprouve une étrange attirance pour Juan, son professeur d’équitation de 60 ans, ex-colonel suspecté d’exactions pendant la dictature. Mais cette liaison ébranle les murs invisibles qui protègent sa famille du passé. Jusqu’où Mariana, curieuse, insolente et imprévisible sera-t-elle capable d’aller ?

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Critique

Par Mathieu Perrichet - posté le 30/11/2017

Chili con los perros

Avant de nous rendre à la projection de ce film, le cinéma chilien était une véritable terra incognita. De quoi aiguiser notre curiosité naturelle et notre appétence pour la découverte de nouvelles contrées cinématographiques. Dans Mariana, son deuxième long métrage de fiction après L’Eté des poissons volants, la réalisatrice franco-chilienne Marcela Said présente, à travers le portrait d’une femme étonnante et détonante, une photographie d’un pays en proie à ses démons, aux fantômes d’un passé révolu mais toujours présent dans toutes les têtes. On y découvre en effet un Chili contemporain dans lequel la dictature Pinochet (1973-1990) a laissé - à juste titre - de profondes traces. Des plaies suintantes dont il faudra encore longtemps avant qu’elles ne cicatrisent. A travers Mariana donc, une femme à l’esprit libre qui se pose au dessus des contingences d’un monde bourgeois auquel elle appartient, qui se joue des règles et des qu’en dira t-on, à la fois indomptable, imprévisible, provocatrice, séductrice, déconcertante, le spectateur se trouve plongé dans les méandres d’un pays en reconstruction, encore déchiré, où règne la suspicion. Un pays tiraillé, qui se cherche, à l’instar de cette femme qui désire s’émanciper de la tutelle des hommes qui l’entourent dans une contrée où le machisme règne. Alors que Marcela Said aurait pu tomber dans la facilité du tout noir ou tout blanc - avec d’un côté les méchants et de l’autre les gentils - c’est au contraire par la nuance que la cinéaste a choisi de montrer avec intelligence la réalité complexe de son pays d’origine. Une réalité sociale et politique mouvementée qui ne peut se résumer par des clichés. C’est ainsi que les personnages qu’elle met en scène peuvent à la fois susciter de l’empathie comme du dégoût, de la colère, de l’incompréhension. Au final, la réalisatrice - qui vient du monde du documentaire - propose un joli film à l’esthétique soigné, tantôt drôle, tantôt poignant, tantôt tendu, foncièrement humain quoi qu’il en soit, qui donne à voir le lent travail de résilience de cette nation blottie entre l’océan Pacifique et la cordillère des Andes. Une fenêtre ouverte sur une partie du globe dont les tribulations, de manière générale, nous parviennent en filigrane. Un long métrage dans lequel la petite histoire permet de mieux comprendre les enjeux de la grande histoire et qui élargi les horizons.                

Mathieu Perrichet


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