Si Sonita, 18 ans, avait eu son mot à dire, elle aurait comme parents Michael Jackson et Rihanna. Réfugiée afghane clandestine en Iran, elle habite depuis dix ans dans la banlieue pauvre de Téhéran. Sonita rêve de devenir une artiste, une chanteuse en dépit des obstacles auxquelles elle est confrontée en Iran et dans sa famille. En effet sa mère lui réserve un tout autre destin : celui d’être mariée de force et vendue pour la somme de 9000 dollars. Mais Sonita n’entend pas se soumettre : téméraire et passionnée, elle bouscule les codes de cette culture conservatrice et décide de se battre pour vivre sa vie.
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A la poursuite du bonheur
La réalisatrice iranienne Rokhsareh Ghaem Maghami propose dans le documentaire Sonita le portrait d’une jeune afghane réfugiée en Iran dont le rêve est de devenir rappeuse. Refusant de se plier aux coutumes patriarcales de son pays qui lui imposent d’être mariée de force, elle s’oppose à sa famille et à une société archaïque, conservatrice et liberticide à laquelle elle refuse de se soumettre. Le spectateur découvre ainsi cette adolescente impressionnante de détermination et de persévérance dont le regard, le sourire - dont elle ne se départit quasiment jamais - et les propos ne peuvent que toucher en plein cœur. Comment ne pas s’attacher à cette jeune artiste qui n’aspire qu’à vivre librement et à réaliser ses rêves dans une région de la planète où presque chaque action, à nos yeux anodine, se transforme en défi et en lutte. A travers cette histoire, Sonita Alizadeh se fait la voix de millions de femmes et incarne une source d’espoir. Par sa musique aux paroles percutantes cinglant l’air comme un coup de fouet, celle-ci dénonce un système d’un autre âge en espérant faire bouger les lignes. Tourné simplement, sans doute avec les moyens du bord, le documentaire invite à s’immerger avec pudeur et sans artifice dans l’intimité de Sonita. Même si celui-ci perd de sa neutralité lorsque l’équipe du film intervient et influe sur l’existence de la jeune chanteuse fan de Rihanna. Pour autant, cela n’amoindrit en rien la nécessité de ce genre de témoignage sur le sort de certaines populations et notamment de très nombreuses femmes réduites à l’état d’êtres de seconde zone, bridées par des traditions discriminatoires. Touchant et finalement plutôt enthousiasmant, l’itinéraire de cette jeune femme aussi jolie que forte et charismatique force le respect et provoque une profonde empathie envers elle. Pas de doute, il serait vraiment dommage de passer à côté de Sonita et de son flow !
Mathieu Perrichet