People/Cinema - Par Mathieu Perrichet - posté le 13/10/2016

Rencontre avec Sonita Alizadeh

Originaire d’Afghanistan, réfugiée en Iran et à présent étudiante aux Etats-Unis, l’itinéraire de la jeune rappeuse Sonita Alizadeh est raconté dans un documentaire touchant.

Comment en êtes-vous arrivée à vouloir devenir rappeuse ?
Lorsque j’étais en Afghanistan, je n’avais pas accès à la musique. Puis arrivée en Iran, j’ai commencé à vouloir exprimer mes sentiments par ce biais là. J’ai d’abord pensé à la musique pop mais c’était trop lent pour moi car j’avais beaucoup de choses à dire, à raconter. J’ai alors essayé le rap et j’ai trouvé là une bonne façon de parler de mes amis, de ma vie, des mariages forcés, de la place des femmes… La musique est vraiment puissante et atteint tout le monde. Les gens y sont attentifs et elle peut vraiment aider à faire passer des messages importants.

Etre filmée dans votre vie a t-il été compliqué ?
Un peu oui. Ce tournage a commencé il y a 5 ans alors que j’avais 15 ans et a duré 3 ans. Je n’étais pas très à l’aise avec les caméras car ma famille ne voulait pas que j’apparaisse à l’écran.

Comment est votre vie depuis le tournage de Sonita ?
Depuis le tournage du documentaire, beaucoup de choses se sont passées et on changé dans ma vie. Grâce à ma musique, j’ai pu avoir une bourse afin d’intégrer un lycée dans l’Utah aux Etats-Unis. J’ai également pu m’affirmer auprès de ma famille. Puis, j’ai également de l’argent pour pouvoir tourner mes vidéos et je peux mieux faire passer mon message dans beaucoup de pays. Je suis heureuse d’avoir fait ce documentaire car cela m’a permis de prouver que l’on peut refuser le mariage d’enfant et que si on est fort, que l’on a confiance en soi, on peut réussir dans la vie. Aujourd’hui, je suis étudiante et tout est super. Niveau musique, j’apprends beaucoup, je m’instruits… J’étudie le piano, la batterie.

Comment voyez-vous votre avenir ?
Mon but est de continuer le lycée aux Etats-Unis puis de retourner en Afghanistan et de devenir un leader là bas, une porte-parole. Je veux travailler avec des organisations et en finir avec le mariage forcé dans le monde. Mais, je ne veux pas non plus laisser tomber la musique.

Aujourd’hui, vous sentez-vous plutôt Afghane ou Américaine ?
Je me sens connectée à la culture afghane car, heureusement, il y a plein de très belles choses dans nos traditions comme la nourriture et les repas en famille notamment. Je me sens plus Afghane qu’Américaine c’est certain.

Avez-vous le sentiment que le documentaire sert votre message et peut faire évoluer les choses ?
Le film est plutôt très bien reçu là où il est projeté et permet d’échanger sur ce sujet du mariage forcé. Toutefois, il n’est pas montré dans les pays comme l’Iran et l’Afghanistan mais j’espère que le fait qu’il soit projeté dans de très nombreux pays, partout dans le monde, aura des répercussions positives. Ainsi, peut être qu’il pourra finalement être diffusé également en Afghanistan. C’est en tout cas mon but.

Côté musique, avez-vous sorti un album ?
Je n’ai pas encore sorti d’album car je n’ai pas beaucoup de titres et les études me prennent beaucoup de temps.

Quels sont vos chanteurs préférés ?
Il y a énormément d’artistes que j’aime et j’écoute beaucoup de styles de musique différents. Mais si je devais en citer quelques uns, je dirais Desiigner, Beyonce, Rihanna et Jay-Z.

Propos recueillis par Mathieu Perrichet

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Sortie : 12/10/2016

Réfugiée afghane clandestine en Iran, elle habite depuis dix ans dans la banlieue pauvre de Téhéran. Sonita rêve de devenir une chanteuse…