People/Cinema - Posté le 30/01/2018

Rencontre avec Dany Boon et Guy Lecluyse

C’est en coup de vent que Dany Boon – doté de son habituelle double casquette de réalisateur et acteur – et l’un de ses comédiens, Guy Lecluyse, sont venus présenter devant la presse La Ch’tite famille, leur nouvelle comédie estampillée made in Nord.

Quelle est l’origine de ce nouveau film ?
Dany Boon : Depuis toujours, je fais des films sur ma région, ma famille, mes voisins, mes racines. C’est ma principale influence depuis le début de ma carrière. Ce que l’on vit durant les premières années de sa vie est fondateur. Les premiers émois de l’enfance sont marquants pour quiconque. Tout le monde se souvient de ses premières fois. Et pour un artiste, qui se nourrit de ses émotions, c’est d’autant plus important. Je puise donc naturellement là dedans lorsque j’écris. Ainsi, le fait de réaliser un film sur cette thématique de la famille, des origines, me semblait évident. Il s’agit de mon ADN. Ce film parle de ce que j’aurais pu devenir lorsque je suis arrivé à Paris.

Justement, à quel point ce long métrage est-il personnel ?
Dany Boon : Il l’est à de nombreux égards. Line Renaud est comme une vraie mère pour moi et son personnage ressemble beaucoup à la mienne dans la vraie vie. Certaines réflexions du film sont véridiques. Par ailleurs, le dessin est également quelque chose que je partage avec Valentin, mon personnage dans le film, puisque je suis diplômé en arts graphiques. C’est moi qui ai dessiné certains des meubles que l’on voit à l’écran. La Ch’tite famille est aussi un peu un contre-pied car j’adore et j’assume totalement ma famille. Pour l’anecdote, lorsque j’ai invité ma mère à l’Elysée pour la projection de Bienvenue chez les Ch’tis, c’est elle qui au contraire ne voulait pas venir au départ. Cela l’angoissait. Puis quand elle a vu que le repas était un buffet et qu’il n’y avait pas besoin de s’asseoir, elle a été soulagée. J’aime ma mère, qui elle est, son instinct, je n’ai pas honte d’elle.

Il est à nouveau question de Ch’tis, mais il ne s’agit pas pour autant d’une suite de Bienvenue chez les Ch’tis. Pourquoi ce choix ?
Dany Boon : J’aurais pu faire une suite à Bienvenue chez les Ch’tis mais l’argument que l’on me resservait automatiquement, c’était le nombre d’entrées. En faisant une suite, nous étions assurés de faire environ 10 millions d’entrées. Mais pour moi, il s’agissait justement d’une très bonne raison de ne pas le faire. Je ne voulais pas décevoir. En faisant La Ch’tite famille, je me suis aussi mis de la pression mais la surprise que je décèle chez les gens lorsqu’ils voient ce film qui se veut différent me fait plaisir et me soulage. C’est une comédie mais qui cherche autant à faire rire qu’à émouvoir.
Guy Lecluyse : Dany évalue ses films au volume de bonheur, d’émotions, transmis au public, pas au nombre d’entrées. Et ce film surprend en effet. A la toute première lecture que l’on a faite avec l’équipe, on a senti qu’il y avait là quelque chose de différent. Selon moi, avec ce long métrage, Dany s’aventure dans un genre différent, assez nouveau pour le cinéma français qui flirte souvent avec le politiquement incorrect. Ici, on est dans la bienveillance.
Dany Boon : La comédie est cynique presque par nature. Il s’agit en effet très souvent de rire au dépend de personnes plus faibles mais moi ce n’est pas ce que je veux faire.
Guy Lecluyse : A ce titre, je trouve qu’il y a un quelque chose proche de la comédie anglaise dans ce long métrage. J’estime qu’il s’agit même du meilleur film de Dany jusqu’à maintenant.

Comment expliquez-vous que chacun de vos films fasse un carton ?
Dany Boon : Je n’ai pas de recette miracle mais le cinéma de comédie est populaire et doit offrir des émotions. L’idée est avant tout d’être sincère même si ce n’est pas non plus la garantie qu’un film fonctionne, que les gens adhèrent. En fait, notre rôle est d’être un écho de ce qui se passe dans le monde et par nos films il s’agit de donner une sorte de sens à la vie.
Guy Lecluyse : Le cinéma doit faire rêver.
Dany Boon : Exactement. Il doit sublimer ce que l’on vit tous les jours. Ce qui m’intéresse c’est de parler de choses simples, du quotidien des gens normaux. Mon seul but c’est de faire rire, d’émouvoir, et ce n’est jamais gagné d’avance.

Pas de recette miracle donc, mais avez-vous des ingrédients favoris ?
Dany Boon : J’aime le cinéma avec beaucoup de personnages secondaires et qui ont tous leur moment, leur partition à jouer. Au cours du film, on peut suivre la progression de chacun. Il n’est pas question pour moi que ces rôles ne soient que des faire-valoir. Ils doivent avoir leur richesse, leur densité. Un peu comme dans les films de Gérard Oury. Il m’importe également d’offrir de beaux rôles aux femmes comme à Laurence Arné, Alice Pol, etc. Enfin, le comique visuel est essentiel à mes yeux. Le cinéma actuel est très centré sur le verbe mais moi il me paraît important d’utiliser également le comique de situation à la façon d’un Pierre Richard par exemple dont je suis très fan.

L’hommage à Johnny Hallyday a t-il été rajouté ?
Dany Boon : La scène finale avec la chanson de Johnny était prévue depuis deux ans mais j’ai rajouté la dédicace à la fin. C’était un vrai ami qui aimait beaucoup le cinéma. Il est le seul à qui je montrais mes films avant tout le monde.

Propos recueillis par Mathieu Perrichet

A lire également

La Ch'tite Famille
La Ch'tite Famille

Sortie : 28/02/2018

Valentin D. et Constance Brandt, un couple d’architectes designers en vogue. Mais ce que personne ne sait, c’est que pour s’intégrer au luxe parisien, Valentin a menti sur ses origines…