People/Cinema - Par Mathieu Perrichet - posté le 17/02/2017

Rencontre avec Garance Marillier

Garance Marillier interprète avec justesse une jeune végétarienne se métamorphosant en une prédatrice obsédée par la chair et le sang dans le film horrifique Grave.

Comment arrive t-on à l’affiche d’un film de genre comme Grave ?
Il est vrai que le scénario est surprenant mais je connaissais le travail de Julia Ducournau car j’avais déjà travaillé avec elle donc je lui faisais confiance. Je me serais sans doute posé davantage de questions si ça avait été un autre réalisateur mais je l’aurais quand même fait car l’histoire me touche. Cela étant, au départ, Julia, qui est devenue une amie, ne pensait pas à moi. Mais les producteurs étaient certains qu’elle finirait par me choisir finalement. Pour eux, c’était évident. Et ils ont eu raison. Il n’y a même pas eu de casting.

En quoi avez-vous été touchée par l’histoire ?
A la lecture du scénario, j’ai été touchée par le personnage de Justine. Je voulais vraiment la défendre, car c’est une jeune femme intègre, qui défend ses valeurs, ses principes, quitte à se mettre des gens à dos. Elle à une certaine forme de courage en restant fidèle à elle même. Ce n’est pas quelqu’un de méchant, de mauvais, qui souhaite faire du mal. Et puis ce qui est intéressant, c’est qu’il s’agit d’un personnage qui évolue très nettement. Il a donc fallu jongler entre les différentes attitudes et émotions. Incarner un personnage aussi complexe et dense, c’est génial pour un comédien.

Êtes-vous friande de ce genre de cinéma à la base ?
Pas du tout. Je suis complètement inapte à regarder un film de genre. Les films d’horreur, et particulièrement ceux de possession, c’est impossible et insoutenable pour moi. C’est rédhibitoire. Evidemment, Grave, je l’ai vu une quinzaine de fois mais ce n’est pas pareil.

Quelles sont les scènes que vous avez préféré jouer ?
Je préfère jouer avec mon corps donc j’étais plus à l’aise sur les scènes physiques et intenses, plutôt que celles de dialogue. Je pense que, dans la vie comme au cinéma, tout passe par le corps. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si je suis dans une école de cinéma qui a pour particularité de se concentrer sur le travail du corps.

Pour autant, l’aspect psychologique est important dans Grave...
C’est vrai et on a beaucoup parlé, en amont, de l’évolution du personnage au fil du film avec Julia. On a alors évoqué l’aspect psychologique. J’ai apporté ma sensibilité pour que le spectateur puisse ressentir de l’empathie vis à vis de Justine malgré son côté monstrueux et l’horreur de certaines situations. On a fait cela avant pour être plus à l’aise et surtout pouvoir se concentrer sur le corps et la musicalité des tons durant le tournage qui a été très intense. Julia m’a surtout dirigé sur le corps.

Comment cela s’est passé entre les comédiens ?
Julia a réussi à faire en sorte qu’il y ait une vraie alchimie entre les comédiens. Ca s’est vraiment très bien passé entre nous. Il y avait un véritable feeling. Mais pour être honnête, au départ, je craignais un peu Rabah Naït Oufella, qui incarne mon colloc de chambre Adrien, car en fait, on habite dans la même rue et lorsque j’étais plus jeune, il me faisait très peur. C’était un peu le gangster du quartier. Puis, finalement, lorsque l’on s’est rencontré, je me suis rendue compte que c’est une crème.

Que pensez-vous de l’engouement autour de ce film ?
L’attente autour de ce film me fait plaisir et j’espère qu’elle sera comblée au moment de sa sortie. Je suis fière de ça, qu’un film de genre soit autant plébiscité.

Il s’agit de votre premier grand rôle. Comment en êtes-vous arrivée là ?
J’ai un peu toujours fait mon cinéma chez moi et un jour, ma mère a vu une annonce pour un casting et m’y a inscrite sans vraiment me prévenir. Dans le genre « va faire ton cinéma ailleurs ». J’y suis allée, j’ai du faire une scène d’impro devant Julia et ça a marché. J’ai donc joué dans le court métrage Junior dans lequel j’incarnais un garçon manqué qui, après une gastro fulgurante, se transforme en une véritable jeune fille. Ca préfigurait déjà un peu Grave… Cette première expérience m’a beaucoup servi de leçon concernant le recul à avoir en tant que comédienne. J’avais alors mis plusieurs jours à m’extraire du rôle. Cela m’a donc apporté une prise de conscience sur ce que nécessitait le travail d’acteur.

Comment envisagez-vous la suite ?
Je suis ouverte à tout type de rôle. C’est un vrai travail de réussir à tout jouer et j’aimerais y parvenir. Après si je devais être étiquetée « film de genre », je préfère cela que d’être cataloguée teen movies. D’autant que de supers actrices comme Isabelle Adjani ou Béatrice Dalle sont passées par des films de ce type là, avec des choses très crues… Aujourd’hui, j’ai des propositions, dont certaines un peu farfelues, mais rien de vraiment concret pour le moment. Avant, j’ai mon bac à passer et j’en fais ma priorité. Je voudrais m’en débarrasser.

Avec quels réalisateurs rêveriez-vous de tourner ?
J’admire le travail de David Cronenberg, David Lynch, Wong Kar-wai, Barry Jenkins… Je suis fan de leur façon de diriger et j’aime beaucoup leur rapport au corps.

Propos recueillis par Mathieu Perrichet

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Grave
Grave

Sortie : 15/03/2017

Dans la famille de Justine tout le monde est vétérinaire et végétarien. À 16 ans, elle est une adolescente surdouée sur le point d’intégrer l’école véto où sa sœur ainée est également élève.