Sylvain Desclous propose, avec son premier long métrage, un drame social dans lequel Gilbert Melki interprète un vendeur hors pair mais un père aux abonnés absents.
Comment l’histoire de ce film vous est venue ?
Sylvain Desclous : L’origine de ce film a avant tout été le personnage. Je voulais parler de quelqu’un de très ancré dans le monde du travail, un homme prêt à tout donner pour son métier. J’ai choisi de m’intéresser au monde de la vente après avoir vu une émission sur le sujet et sur un vendeur du même type que Serge (ndlr : le personnage interprété par Gilbert Melki). Ce qui m’intéressait c’était de découvrir ce qui se cachait derrière cette figure professionnelle ultra reconnue. Pour moi, le métier est fondamental. Il détermine quelqu’un. J’aime partir de la profession pour parler d’une personne. Après, d’autres éléments sont venus se greffer à ce postulat de départ comme la relation père-fils.
Vous êtes-vous beaucoup documenté sur cet univers ?
Sylvain Desclous : Le point de départ est assez documenté et documentaire avec un personnage qui est un modèle dans sa profession. J’ai fait pas mal de recherches pour m’imprégner du sujet. J’ai rencontré des vendeurs, j’ai assisté à des séminaires de motivation, j’ai regardé des causeries à la mi-temps de matchs de foot et de rugby. Tout cela m’a confirmé qu’il y avait chez certains très bons vendeurs quelque chose à montrer au cinéma. Ce sont de vraies personnalités, des comédiens à leur manière. On n’est jamais très loin du jeu et cela m’a beaucoup plu.
Vous ne montrez pas une facette très reluisante de la profession de vendeur…
Sylvain Desclous : Mon but n’était pas de faire un film forcément réaliste, ni de faire un portrait à charge de cette profession. Je ne souhaitais pas montrer ces hommes comme des profiteurs, des entubeurs. Je voulais montrer l’envers du décor d’un métier où la solitude est souvent présente, la vie personnelle peu épanouie et le prix à payer d’une telle situation. Je ne dis pas pour autant que tous les vendeurs boivent, se droguent et font appellent à des call-girls.
Gilbert Melki : On voulait faire un film libre, sans jugement moral. Il ne faudrait pas que le principe de précaution devienne extrême et c’est un danger latent dans le cinéma français. Il y a une tendance à être un peu trop frileux et à s’autocensurer mais il faut ouvrir les yeux et vivre avec son monde.
Comment avez-vous pensé à Gilbert Melki pour incarner ce vendeur ?
Sylvain Desclous : J’ai très vite pensé à lui pour le rôle. Avant d’être réalisateur, je suis d’abord spectateur et j’ai simplement voulu prendre des gens que j’admire au cinéma. C’est un grand comédien à mes yeux et il ne tourne pas cinq films par an. J’aime cette rareté qui n’entache pas sa popularité pour autant.
Gilbert Melki, pourquoi avez-vous accepté ce rôle ?
Gilbert Melki : Ce qui m’a intéressé, c’est premièrement le portait de cet homme, de ce vendeur, les émotions par lesquelles il passe, sa solitude, ses addictions, son côté un peu schizophrène entre son métier et les à-côtés. Puis l’histoire avec le fils et ce rapport à la transmission me parlait. D’autant que pour la petite histoire, j’ai également un fils qui a à peu près le même âge que Gérald (ndlr : incarné par Pio Marmaï) et qui a fait l’école hôtelière comme dans le film. En fait, j’ai voulu apporter un peu de moi à cette histoire.
Comment décririez-vous la relation que votre personnage entretient avec son fils ?
Gilbert Melki : Ce n’est pas un père franchement présent et réconfortant mais au contact de son fils, quelque chose va finir par changer en lui. Avec Gérald, il se retrouve en face de lui-même jeune. Il y a une sorte d’effet miroir. A travers lui, il voit sa vie passée et il veut l’empêcher de faire les mêmes erreurs que lui, de mal finir. Il cherche à le sauver d’une certaine manière.
Que retiendrez-vous de votre premier long métrage ?
Sylvain Desclous : Je retiens d’un tel tournage qu’il faut savoir bien s’entourer et travailler sérieusement, arriver avec un scénario bien ficelé, doté d’une base forte. De même, il faut être à l’écoute des propositions de tous sur le plateau, des techniciens, des comédiens… Un film grandit au fur et à mesure qu’on le fabrique.
Un deuxième film est-il en préparation ?
Sylvain Desclous : Oui. Je suis actuellement en écriture de mon deuxième long métrage qui se déroulera dans le monde de la politique cette fois-ci…
Mathieu Perrichet
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