People/Cinema - Par Mathieu Perrichet - posté le 24/02/2016

Rencontre avec Guillaume Galienne et Pierre Godeau

Le cinéaste Pierre Godeau s’est attaché les services de Guillaume Gallienne pour incarner le côté masculin de son couple impossible (Éperdument) inspiré d’un fait divers.

Comment est né ce film ?
Pierre Godeau : Tout a commencé au moment où j’ai entendu parler de cette histoire entre une détenue et un directeur de prison à la radio en 2011. J’avais déjà très envie de réaliser un film sur une histoire d’amour et cette idée d’amour impossible, avec cette dimension tragique, m’a tout de suite fasciné. Je vois cela comme l’histoire de deux fantasmes ou plutôt comme la rencontre entre deux projections d’un fantasme puisque finalement ils n’ont jamais pu vivre réellement leur relation. Ce qui est certain c’est que je ne voulais pas juger, je voulais être dans l’humain et me fier à la psychologie des personnages et non pas faire la chronique d’un fait divers.

Pourquoi avez-vous choisi de raconter l’histoire du point de vue de l’homme ?
Pierre Godeau : En fait, j’ai pensé à Coup de foudre à Notting Hill et je me suis dit que raconter l’histoire avec ce point de vue était plus intéressant. En énonçant le pitch en deux phrases, l’histoire d’un directeur de prison qui tombe amoureux d’une prisonnière me semblait plus parlant que l’inverse car cela implique un véritable enjeu social.

Avez-vous rencontré Florent Gonçalves, le directeur de prison dont s’inspire le film ?
Pierre Godeau : Oui. Cela me paraissait essentiel pour avoir le bon matériau, le connaître, m’en imprégner puis l’oublier pour pouvoir réaliser mon film avec ma vision des choses.
Guillaume Gallienne : Pour ma part non car je ne suis pas dans l’imitation même si je m’inspire bien sûr de certains traits de caractère.

Comment avez-vous choisi vos deux comédiens principaux ?
Pierre Godeau : Quand j’écris, je ne pense à aucun comédien afin de rester vierge et de ne pas être déçu au cas où je ne pourrai pas les avoir. C’est ma directrice de casting qui m’a proposé Guillaume Gallienne et j’ai aimé l’idée. On parle le même langage lui et moi. J’aime son exigence et je savais qu’il m’aiderait à porter le film là où je voulais. Quant à Adèle Exarchopoulos, c’est que je souhaitais une comédienne très différente de Guillaume, issue d’une école très différente, pas avec le même niveau… Il me fallait cette dualité à l’image des personnages du film qui n’auraient jamais du se rencontrer. Lorsque l’on a fait les lectures ensemble, je voyais le film tellement ce couple improbable marchait.
Guillaume Gallienne : Adèle Exarchopoulos est clairement un personnage racinien, ce qui convient parfaitement au film ! Et c’est une comédienne fascinante et étonnante. Elle est très animale !

Guillaume Gallienne, pourquoi avoir accepté ce rôle ?
Guillaume Gallienne : Le fait divers en lui-même ne m’intéressait pas vraiment mais le sujet et la façon dont voulait s’y prendre Pierre Godeau oui. Ce que j’aime c’est qu’il pose plus de questions qu’il n’apporte de réponse. Du côté de mon personnage, j’aimais le côté narcissique mais aussi son côté frustré et comment tout son petit monde se fissure.

Comment vous y êtes-vous pris pour reconstituer cet univers carcéral ?
Pierre Godeau : Nous avons tourné dans la prison de la Santé avec des détenues en semi-liberté à l’intérieur. Cela nous a permis de bénéficier d’un cadre idéal pour recréer le contexte de l’histoire. De plus, certaines détenues du film sont d’anciennes prisonnières dans la vraie vie et elles ont pu apporter leur vécu pour encore plus d’authenticité. D’autre part, avec Adèle Exarchopoulos, nous avons organisé, une fois par semaine durant quatre mois, des ateliers de cinéma à la prison pour femmes de Fleury-Mérogis. Cette expérience a été extrêmement enrichissante.

Mathieu Perrichet

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Sortie : 02/03/2016

Un homme, une femme. Un directeur de prison, sa détenue. Un amour impossible.