People/Cinema - Par Mathieu Perrichet - posté le 08/09/2014

Rencontre avec Roschdy Zem et Yolin François Gauvin

Qu’est-ce qui vous a donné envie de réaliser un film sur le monde du culturisme ?
Roschdy Zem : Quand j’étais enfant, j’allais en vacances chez mon oncle qui était bodybuilder. Trente ans plus tard, en faisant des préparations physiques pour certains films, j’ai commencé à m’intéresser au bodybuilding extrême. C’est un style de vie plus qu’un sport, avec beaucoup de souffrance, de privation… On peut voir ces gens comme des hédonistes mais en fait ils font cela pour eux et sont très pudiques. La démarche est assez personnelle. Ils ne font pas cela dans le but d’impressionner "Monsieur Tout le Monde". Mais ils cherchent à être uniques. Au début, j’avais également des préjugés, une vision un peu ironique de cette pratique mais en me penchant dessus j’ai fini par les respecter. J’ai alors cherché un sujet à exploiter et me suis beaucoup documenté. C’est comme cela que j’ai découvert le reportage The bodybuilder and I qui m’a inspiré.

Comment s’est fait le choix du comédien ?
Roschdy Zem : J’ai pensé à plusieurs acteurs. Mais des noms pour jouer un tel rôle, il n’y en a pas en France. J’ai alors contacté Antoine de Caunes qui est un ami. Pendant six, sept mois, il a donc eu droit à des entraînements intensifs mais au bout d’un moment on s’est rendu compte que ce ne serait pas possible. Du coup, on s’est dit que l’on allait chercher un vrai bodybuilder. Il n’y en a qu’une centaine de plus de cinquante ans dans l’hexagone. J’ai découvert Yolin à l’occasion d’un show. Tout de suite il m’a plu avec cette gueule à la Charles Bronson. Quand je suis allé le voir dans les coulisses, il m’a d’abord jeté puis à force de persuasion, cela a pu se faire.

Comment devient-on bodybuilder ?
Yolin François Gauvin : J’ai commencé le culturisme à 25 ans en voyant des films avec Schwarzenegger. C’est un dieu. J’en ai alors fait un art et j’ai mis trente ans à devenir champion du monde. C’est un travail de longue haleine, un mode de vie. Ce sport m’a apporté beaucoup de satisfaction mais aussi des soucis familiaux comme pour tout athlète qui se lance dans le haut niveau.

Pourquoi avez-vous fini par accepter ce rôle ?
Yolin François Gauvin : C’est ma femme qui m’a conseillé d’accepter en me disant que c’était une vraie chance. De toute façon si l’on n’essaie pas, rien n’est possible dans la vie. Et puis ce que j’ai aimé, c’est que dans ce film, Roschdy Zem montre l’entraînement, la souffrance, la partie immergée de l’iceberg. Ce que l’on voit très peu dans les médias alors qu’il s’agit de l’essence même de notre sport. Enfin, le film ressemble complètement à mon histoire. Lorsque j’ai lu le scénario, cela m’a même étonné à tel point que parfois je mélangeais la fiction et la réalité. Finalement, il n’y a pas de hasard dans la vie.

Comment cela s’est-il passé sur le plateau ?
Yolin François Gauvin : Roschdy Zem est un pédagogue hors pair qui aime ses acteurs. Du coup, avec lui ça devient plus facile. Et les autres comédiens m’ont accepté comme l’un des leurs alors qu’au début je craignais un peu la façon dont ça allait se passer avec ces gens que je n’avais vu qu’au cinéma et que je vois comme des stars. Je vis mon rêve français et je suis heureux d’avoir accepté.

Est-ce plus difficile de diriger un comédien amateur ?
Roschdy Zem : Pour moi, il n’y a pas de différence entre comédiens professionnels et non professionnels. A la limite, l’amateur est plus intéressant car il utilise des choses réelles et ne se sert pas d’une mallette d’expressions toute faite. Il ne joue pas, il vit. Du coup, pour les acteurs pros, c’est une leçon car il n’y a pas d’artifices.

Cette expérience vous a t-elle donné envie de refaire du cinéma ?
Yolin François Gauvin : J’aimerais beaucoup, c’est sûr ! mais pas forcément dans un rôle basé sur le physique. Ce qui est certain, c’est que j’ai adoré ce milieu et que je me suis senti aussi bien sur un plateau que dans une salle de sport. Ca a été une expérience formidable.

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