People/Cinema - Par Mathieu Perrichet - posté le 09/10/2017

Rencontre avec Tarek Boudali

Pour sa première réalisation, Tarek Boudali livre une comédie potache - qui aborde néanmoins des sujets aussi sérieux que l’homosexualité et les sans papiers - dans la droite lignée de Babysitting 1 & 2, et Alibi.com.

Comment l’idée de ce premier film vous est venue ?
C’est en regardant les infos que j’ai eu l’idée de cette histoire. C’était au moment de la légalisation du mariage gay en France. Au milieu de tout ce foutoir, moi je me suis surtout dit que les mariages blancs allaient être encore plus faciles grâce à cela et ça a été le point de départ du film. En fait, à travers ce long métrage, j’avais aussi envie de dédramatiser les choses face à l’hystérie collective que cela a généré. Epouse-moi mon pote a pour ambition première de faire marrer les gens, tout en véhiculant un message de respect et de tolérance que l’on soit gay ou hétéro, gros ou canon, jeune ou vieux, français ou sans papiers, etc. Tout cela se veut positif et bienveillant.

Y a t-il eu un déclic qui vous a incité à vous lancer ?
Pas vraiment. J’ai toujours eu dans un coin de ma tête l’envie de réaliser mais je voulais avoir la bonne idée. Je ne voulais pas forcer, brusquer les choses. Lorsque cette idée m’est venue et que j’ai commencé à écrire, j’ai tout de suite eu les images en tête. Je savais exactement ce que je voulais et il n’était pas question que quelqu’un dénature mon projet, la vision que j’en avais. C’était donc le bon moment pour passer derrière la caméra. En revanche, au niveau de l’écriture, j’ai été accompagné de plusieurs co-scénaristes car écrire seul, c’est vraiment un piège. Le risque est grand de s’enfermer.

Avez-vous laissé de la place à l’improvisation ?
Nous écrivons vraiment nos scénarios. Tout cela est très carré, très travaillé en général. Mais cela ne signifie pas que nous ne laissons aucune place à l’impro. S’il y a de bonnes idées, des propositions intéressantes, nous sommes preneurs.

Vous usez d’un humour décomplexé, volontiers caricatural, vous mettez-vous des limites bien précises ?
Ma limite c’est de ne blesser personne, ni les homosexuels, ni les clandestins, etc. La caricature s’arrêtait donc là. Mais, finalement, les clichés dans le film sont là pour mieux les dénoncer et les détruire. Après, pour faire marrer, il faut que ce soit poussé mais pas trop. Il faut trouver le bon équilibre en fait. Et flirter entre le politiquement correct et le politiquement incorrect n’est pas toujours évident.

Etait-ce impossible de tourner sans votre compère Philippe Lacheau ?
Oui clairement. Lorsque j’ai eu l’idée du scénario, alors que je n’avais encore rien écrit, j’en ai tout de suite parlé avec lui et Julien Arruti. On fonctionne comme cela. Ca me paraissait évident. Et ils ont donc accepté sans lire quoi que ce soit. D’une façon, je lui rends la pareille, puisque lui me fait jouer dans tous ces films.

A t-il participé un tant soit peu à la réalisation ?
Non, il ne s’est pas immiscé du tout dans la réalisation car il savait où je voulais aller et il me faisait entièrement confiance. Comme moi lorsqu’il est à la réalisation. On n’empiète pas sur le territoire de l’autre. Il y a une relation saine. Tout comme il n’y a pas de compétition entre nous. On s’entraide, on est vraiment potes. Et je pense que cela se voit à l’écran d’ailleurs.

Parmi votre casting plutôt savoureux, comment avez-vous pensé à la Youtubeuse et novice Andy Rowski ?
Ce sont mes producteurs qui m’ont parlé d’elle. Je ne la connaissais pas du tout. Je suis donc allé voir ses vidéos et j’ai trouvé ça frais et vraiment drôle. Je lui ai donc envoyé le scénario et elle a accepté. Ce qui est génial, c’est qu’à l’écran, on n’a pas du tout le sentiment qu’il s’agit de sa première expérience de comédienne.

Quels sont vos goûts cinématographiques ?
Parmi mes goûts ciné, je citerais Francis Veber – un génie selon moi - et tous ses films avec Pierre Richard notamment. Sinon, je suis évidemment un fan des Inconnus, de la comédie US comme celle des frères Farrelly. D’ailleurs, le chien dans Epouse-moi mon pote est de la même race que celui dans Mary à tout prix pour la petite anecdote.

Quel sentiment domine à l’aube de la sortie de son premier film comme réalisateur ?
La flippe domine c’est certain. En fait, j’ai eu très peur avant de commencer la tournée de promo car je craignais que les gens ne soient pas au rendez-vous. Nous faisons des films pour les gens, pour les faire marrer. Et heureusement, les premières rencontres avec le public m’ont rassuré. Les gens sont réceptifs, les retours sont positifs. J’ai même eu plusieurs personnes qui m’ont dit que le film leur avait permis d’oublier leurs soucis du quotidien pendant 1h30. Ca marche donc bien et nous sommes super contents.

Cela vous a t-il donné envie de recommencer ?
A la fin du tournage, j’étais épuisé physiquement – mais je m’y attendais – et moralement car durant des mois et des mois, tu penses à ton film en permanence. Même quand tu dors, tu en fais des cauchemars. Pourtant, dès que ça a été terminé, j’ai eu envie de recommencer. On doit avoir un côté maso sans doute. Mais le fait de partir d’une feuille blanche et de remplir au final des salles de ciné de 600 places, ça a quelque chose de fort, de jubilatoire. Puis, j’ai la chance d’avoir été entouré d’une équipe technique et de comédiens que je connaissais bien puisque nous avions pour l’essentiel déjà bossé ensemble sur les deux Babysitting et Alibi.com. Cela m’a donc rassuré et permis de m’appuyer sur des personnes de confiance.

Avez-vous donc d’ores et déjà des projets concrets ?
Pour le moment, les seuls projets concrets que j’ai sont le prochain film de Philippe Lacheau, une adaptation de la série animée Nicky Larson, et mon long métrage suivant donc. Nous fonctionnons pas mal entre nous car on recherche vraiment le qualitatif. On veut vraiment assumer entièrement ce que l’on fait, on ne veut pas décevoir les gens. D’autant que faire rire est ce qu’il y a de plus dur.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre prochain film ?
Il aura pour thème les apparences et les jugements que nous portons sur les autres. Même pour faire rire, j’aime partir de sujets de fond lorsque je fais un film. Mais je n’en suis qu’au début de l’écriture. Je prends le temps d’écrire car je ne veux pas bâcler les choses. Encore une fois, la qualité est primordiale. Ce qui est certain, c’est qu’il y a aura Philippe Lacheau, Julien Arruti, Elodie Fontan et moi-même au casting.

Propos recueillis par Mathieu Perrichet

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