People/Cinema - Par Mathieu Perrichet - posté le 12/02/2015

Rencontre avec Thomas Salvador

A la fois fantastique, poétique et réaliste, le premier long métrage du réalisateur Thomas Salvador - dans lequel il incarne également le personnage principal - apparaît pour le moins atypique dans le paysage cinématographique français.

Comment une telle histoire vous est-elle venue à l’esprit ?
L’idée m’est venue à partir d’une image que j’avais en tête. Celle d’un type immergé dans une eau où l’on ne se baigne habituellement pas. Ce qu’il fait n’est pas interdit mais décalé. Cette vision m’est apparue par hasard comme dans un rêve. C’est de là que l’histoire a pris naissance. J’aime les choses un peu incongrues comme quelqu’un qui sort d’un hôtel, qui marche et qui, d’un coup, se met à voler par exemple. Ayant un certain goût pour le travail sur le corps et le mouvement, j’ai vite pensé à un homme qui aurait des aptitudes surhumaines au contact de l’eau.

Pourquoi avez-vous introduit aussi peu de dialogues ?
J’écris mes films de cette manière, sans beaucoup de dialogues car j’aime que les choses soient dites autrement, en les faisant ressentir. Je suis plus dans un cinéma de l’action. Les personnages se définissent plus par ce qu’ils font que ce qu’ils sont et ce qu’ils disent. Ce qui m’intéresse dans un récit c’est l’atmosphère, les sensations. C’est à cela que je m’attache. Et puis le personnage de Vincent est souvent seul.

Pourquoi avoir décidé de jouer le rôle de Vincent ?
J’ai réalisé un premier court métrage à 23 ans. A l’époque, j’étais très timide et j’avais peur d’être déçu par un comédien que j’aurais choisi et de ne pas oser lui dire. Du coup, assez naturellement, j’ai commencé à jouer dans mes films. Puis, le personnage de Vincent me ressemble beaucoup aussi. Ce n’est pas un rôle de composition, je me retrouve vraiment dans celui-ci.

Vincent est une sorte de super-héros, êtes-vous friand de ce genre cinématographique ?
J’ai été un fan de Comics étant plus jeune et je vais encore voir tous les films de super-héros qui sortent en salle. C’est un univers que j’aime. Mais, même si je savais que la connexion se ferait, Vincent n’est pas un super-héros en tant que tel. Il est plus humain, plus fragile et ne considère pas ses facultés comme un pouvoir… J’adore le cinéma populaire hollywoodien mais moi je voulais être plus réaliste. Après, je me suis amusé à faire quelques références dans mon film à ces productions hollywoodiennes comme Spiderman ou Hulk notamment.

L’une des différences dans votre long métrage par rapport aux films de super-héros, c’est que l’on ne connaît pas la genèse de ses pouvoirs…
En effet, je n’ai pas voulu montrer la découverte de ses pouvoirs, donner une explication, car je voulais inscrire mon récit dans le présent. Vincent se pose davantage la question du comment vivre avec ce pouvoir que de la raison pour laquelle il l’a. Il s’interroge sur la manière dont il peut vivre avec. C’est son rapport à ses pouvoirs qui est intéressant. De cette manière, le spectateur s’engouffre également plus facilement dans le film. Il ne pense pas au pourquoi du comment mais accepte le fait établi.

A travers ce film vous traitez de thèmes tels que la différence, l’exclusion…
C’est vrai. Lorsqu’au début du film, Vincent s’exile, c’est pour vivre sa différence plus simplement. Mais il essaie de changer. A travers le regard de l’autre, il apprend. Son histoire d’amour avec Lucie l’illustre. Avec elle, il se confronte aux autres en mettant son secret à l’épreuve du jugement de cette jeune femme. Ce qu’il pensait voir comme quelque chose d’horrible, de monstrueux, elle le voit comme quelque chose de beau. Cela lui permet de s’accepter. Il essaie au fur et à mesure de faire avec sa différence et de vivre avec les autres malgré elle. Il veut être un homme avec cette part animale, magique. Lorsqu’il fuit à la fin, ce n’est pas un renoncement mais un nouveau départ.

Avez-vous déjà des idées pour votre prochain long métrage ?
Le prochain film sera assez noir. J’ai envie de faire des choses très différentes, à l’image de ma cinéphilie, qui est très éclectique. J’aime la diversité.

Mathieu Perrichet

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