People/Cinema - Par Mathieu Perrichet - posté le 25/03/2016

Rencontre avec Vanja D’Alcantara

La cinéaste Vanja D’Alcantara adapte à l’écran Le Cœur régulier, un roman d’Olivier Adam qui raconte la quête spirituelle au Japon d’une femme sur les traces de son frère décédé.

Comment est née l’idée de ce film ?
Vanja D’Alcantara : Au départ, j’avais d’abord entendu parler de cet homme qui sauve des gens prêt à se suicider sur des falaises au Japon. J’avais été fasciné par ce personnage. Je trouvais qu’il s’agissait d’une belle personne dont l’histoire était parfaite pour le cinéma. Néanmoins, je ne me trouvais pas la légitimité d’en parler en tant que cinéaste occidentale. Puis, je suis tombée par hasard sur le roman d’Olivier Adam dans une librairie en Suisse. Et, à travers cet axe, j’ai trouvé ma porte d’entrée.

Avez-vous contacté Olivier Adam pour lui parler de votre projet ?
Tout à fait et les échanges entre nous ont tout de suite été très chouettes. Il a rapidement estimé que j’étais la bonne personne pour adapter son livre. Après, il n’est pas intervenu du tout sur le film.

Adapter un roman est-il un travail particulier ?
Une adaptation est quelque chose de délicat car on ne peut pas traduire l’écrit par l’image. On adapte le désir de la personne. Donc, il a fallu que je me laisse traverser par l’histoire. C’est ce qui a raisonné en moi que je retranscris, que je raconte. Olivier Adam m’a laissé beaucoup de liberté et m’a dit de prendre le temps nécessaire pour que je trouve MON film. Au final, ce film, c’est 100% moi et il a beaucoup aimé.

En quoi votre film est-il différent du roman ?
Le roman développe beaucoup plus les histoires familiales que l’on aperçoit dans le film et effectue beaucoup de flashbacks. Olivier Adam et moi avons des univers artistiques très proches mais également des visions des choses très différentes. Ce qui m’intéresse dans ce récit, c’est le côté intime. Il y a l’idée d’un parcours initiatique, d’un éveil à la vie. C’est comme cela que j’ai vu l’histoire. Mon film est moins sombre que le roman d’Olivier Adam.

Comment avez-vous pensé à Isabelle Carré pour incarner le rôle principal ?
Isabelle Carré est une actrice magnifique avec un très grand éventail de jeu. C’est sans doute une des meilleures comédiennes de sa génération. Elle dégage quelque chose de très humain mais je trouve que l’on explore peu ses zones d’ombre en général dans les films qu’on lui propose. Dans Le Cœur régulier, elle a travaillé sur la nuance. Elle incarne une femme qui passe de l’ombre à la lumière. Puis le fait qu’elle soit une personnalité très franco-française alors que l’idée était de l’emmener à l’autre bout du monde me plaisait. D’ailleurs, au départ, elle avait très peur d’aller au Japon car elle pensait aux tremblements de terre, aux centrales nucléaires…

Comment s’est déroulé le reste du casting ?
Pour Niels Schneider qui incarne le frère cela a été une évidence dès notre première rencontre. J’ai vu en lui mon personnage. Un personnage qui traverse l’histoire et qui la détermine. Il fallait quelqu’un de solaire comme lui. Puis, j’ai réalisé de gros castings à Tokyo afin de trouver les comédiens japonais. Il a fallu trouver des acteurs assez particuliers car beaucoup là-bas ne s’intéressent pas à l’idée de jouer dans des films étrangers. Mais ça a été un vrai plaisir de découvrir leur manière de fonctionner.

Connaissiez-vous le Japon avant de vous y rendre pour le film ?
J’étais déjà fascinée par ce pays mais je voulais y aller avec un vrai projet. J’ai toujours aimé la culture japonaise que ce soit le cinéma, la littérature et les mangas. Du coup, la première fois que j’y suis allée, ça a été pour rencontrer cet homme qui vit au bord des falaises avec en tête l’idée de faire ce film. Ce qui m’intéresse avec le Japon, c’est la présence et la cohabitation de différentes religions, le rapport à l’harmonie, au silence.

Votre film ne s’encombre d’ailleurs pas de longs dialogues…
Je privilégie généralement l’image au parlé car j’ai toujours l’impression que ce que l’on peut communiquer sans mot sera plus fort. L’image dégage quelque chose de plus intense, de plus profond.

Mathieu Perrichet

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