Le nouveau long métrage de Julie Delpy met en scène avec humour un adolescent, interprété par Vincent Lacoste, prêt à tout pour garder sa mère rien que pour lui.
Vous abordez dans ce film le complexe d’Œdipe. Est-ce quelque chose que vous avez vécu ?
Julie Delpy : Cette histoire n’est pas du vécu car mon fils n’a que six ans. Mais c’est toujours le questionnement que l’on se pose en tant que parent : à quel point élève t-on bien ou mal son enfant ? J’avais envie de faire un film léger sur un enfant pervers narcissique, un enfant dictateur et manipulateur avec des éléments freudiens. Ce film est une sorte d’essai drôle sur le couple, la famille et l’enfant.
Quelles ont été vos inspirations en réalisant ce film ?
Julie Delpy : J’ai tout de suite voulu en faire une comédie mais j’ai davantage pensé aux comédies américaines qu’aux françaises que je regarde très peu souvent. J’ai aussi pensé aux pièces de Feydeau dans l’esprit. Quant au personnage de Lolo, j’ai conseillé à Vincent Lacoste de regarder Hantise avec Ingrid Bergman pour s’imprégner du sujet. Même s’il s’agit d’un drame, le personnage de Charles Boyer, un pervers qui rabaisse sans cesse sa femme, a de nombreux points en commun avec celui de Lolo. Je suis fasciné quand l’ennemi, le danger vient de l’intérieur et les sales types m’intéressent.
Côté comédie, quels sont vos goûts ?
Julie Delpy : J’aime les choses vraiment décalées en ce qui concerne la comédie. Je suis assez bizarre dans mes goûts. J’apprécie les choses totalement absurdes dans le rire comme RRRrrr !!! d’Alain Chabat, You don’t mess with the Zohan avec Adam Sandler, certains Judd Appatow…
Comment évaluez-vous le personnage de la mère que vous incarnez ?
Julie Delpy : Il existe une certaine culpabilité chez elle qui, du même coup, laisse tout passer à son enfant. Lui a donc compris qu’il pouvait la manipuler. L’esprit humain est dans la manipulation même inconsciente. Cela doit venir d’une sorte d’instinct de survie. De toute façon, nous sommes tous acteurs de naissance. Chacun joue un rôle dans la société, il y a toujours un jeu.
Pourquoi avoir choisi Vincent Lacoste pour interpréter Lolo ?
Julie Delpy : J’ai écrit le film pour Vincent Lacoste avec qui j’avais déjà travaillé sur Skylab, un de mes précédents films. Non pas qu’il soit pervers. Bien qu’il soit un peut narcissique et vaniteux comme tous les comédiens. Mais surtout, il est hyper pro et très bon acteur. Ce n’est pas un chieur et il n’est pas prétentieux.
Vincent Lacoste, comment vous y êtes-vous pris pour vous mettre dans la peau de Lolo ?
Vincent Lacoste : Malgré le fait que l’on soit dans une comédie, je l’ai fait sérieusement comme un vrai psychopathe, un enfant roi un peu inquiétant. Je vois ce personnage comme quelqu’un de franchement horrible, d’insupportable, de malsain, prétentieux mais finalement drôle.
Comment avez-vous pensé à Dany Boon ?
Julie Delpy : Il y a un truc qui me fascine chez lui et j’aime beaucoup ses stand-up. Vivant aux Etats-Unis, j’ai loupé la période Ch’tis en France donc je ne le voyais pas comme une star. Il dégage quelque chose d’agréable, de sympathique à l’écran, quelque chose d’assez pur et naïf dans le sens positif du terme. Il n’y a pas de cynisme en lui. Pour moi, il était parfait pour ce rôle d’homme gentil, de mec de province simple en décalage avec l’univers branchouille et parisien du personnage que je joue. D’ailleurs, je trouve dommage qu’aujourd’hui la gentillesse soit vue comme une faiblesse.
Et comment Karine Viard est-elle arrivée sur le projet ?
Julie Delpy : C’est en écrivant le scénario que j’ai pensé à Karine Viard. J’avais également déjà travaillé avec elle sur Skylab mais j’avais été déçue de ne pas avoir de vraies scènes avec. Ce qui est extraordinaire avec elle, c’est qu’elle peut ouvrir sa gueule pour dire des insanités et ça passe. Tout le monde ne peut pas se le permettre. Elle a un vrai franc parler et me semblait idéale dans le rôle de cette femme moderne.
Vous avez fait appel à des comédiens d’horizons assez différents…
Julie Delpy : J’aime avoir des castings assez hétéroclites. J’aime mélanger les genres de comédiens et ne pas respecter les cadres comme le cinéma français a trop l’habitude de le faire.
Avez-vous déjà un nouveau projet en tête ?
Julie Delpy : J’ai un drame dans le tiroir qui est la meilleure chose que je n’ai jamais écrite. Quelque chose d’assez intimiste. Mais le problème, c’est qu’autant je n’ai pas de mal à trouver des financements pour mes comédies, mais pour les drames c’est une autre affaire. Ce qui est certain, c’est que je ne ferai rien d’autre avant que celui-ci ne sorte en salle.
Mathieu Perrichet
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