À huit ans, Nathan est entré dans le tunnel lumineux de la "mort imminente" pour avoir voulu sauver une fillette. Déclaré mort, le petit garçon se réveille inexplicablement... Vingt ans plus tard, Nathan est devenu un brillant avocat new-yorkais. Meurtri par les circonstances douloureuses de son divorce, il s'est barricadé dans son travail, loin de son ex-femme Claire et de sa fille. C'est alors qu'un mystérieux médecin, le docteur Kay, fait irruption dans son existence en prétendant pouvoir dire à quel moment certaines personnes vont mourir...
Critique
Par Jean-Marc Vigouroux - posté le 27/04/2017
Les lumières de la vie
Pratiquement inconnu au bataillon, en dépit du très réussi Inquiétudes en 2004, Gilles Bourdos se colle ici à l’adaptation du roman-phare du très populaire Guillaume Musso, qui risque bien de détrôner Marc Levy de la première marche du podium des romanciers français les plus vendeurs. Amoureux de « Big Apple » depuis ses 19 ans, et suite à un terrible accident de voiture sur l’autoroute dont il sort miraculeusement indemne, Musso imagine ainsi le destin bouleversé d’un jeune avocat français installé à New York, revenu des morts à l’âge de huit ans, après s’être fait violemment percuter par une voiture. Un choc du genre dont on ne survit pas. Et pourtant… Alors qu’il est aujourd’hui séparé de sa fille et de sa femme, photographe à la poursuite d’une fleur de cactus éphémère dans le désert d’Albuquerque, il reçoit un jour dans son bureau un fascinant médecin, aussi charismatique qu’inquiétant, qui prétend deviner qui va mourir prochainement, grâce à une sorte d’aura qu’il est le seul à déceler chez l’autre. Une rencontre déterminante qui va révéler à Nathan, ni plus ni moins, que le sens de sa vie… et le « pourquoi » de l’équation du grand mystère, aux multiples inconnues. Si le pitch de Et après relève d’un épisode court de La Quatrième Dimension, Gilles Bourdos, en esthète appliqué et en story-teller habile, insuffle à son adaptation une très belle élégance de forme, propice à la poésie et à l’introspection sous-tendue par le sujet. Sans pathos excessif (ni suspense haletant d’ailleurs), le trio Romain Duris (en anglais pour la première fois), John Malkovich (hypnotique) et Evangeline Lilly (vrai premier rôle après Lost) évolue en apesanteur, dans la lumière cotonneuse du magicien Mark Ping Bing Lee (In the Mood for Love) et sur les accords simples et mélancoliques d’Alexandre Desplat, le compositeur attitré de Jacques Audiard, qui fait des merveilles dans l’épure, malgré son imposant orchestre de cordes. Identification immédiate oblige, l’empathie envers Nathan, confronté – comme chacun à son heure – à l’imminence de sa propre finitude, n’est pas au final le ressort tire-larme que l’on aurait pu craindre : coup de cœur légitime de l’éditeur Wild Side (qui inclut dans cette édition un making of d’une demi-heure), Et après est aussi et surtout une belle histoire d’amour contrariée, pas si éloignée de Ne le dis à personne dans cette approche des sentiments indéfectibles nés durant l’enfance, doublée d’incartades fantastiques qui ont fait recettes chez d’autres, Shyamalan notamment. On peut bien sûr faire le blasé, mais il faut bien admettre que le film a beaucoup d'arguments de cinéma de son côté...
